Ta légende personnelle

J’entends ta colère et tes lamentations. Je les entends d’autant mieux que ta colère est la mienne et que tes lamentations sont les miennes aussi. Nous sommes frères toi et moi. Nous sommes faits du même bois.

Depuis le jour de notre naissance, nous avons eu conscience, au plus profond de nous-mêmes, que tout ceci prendrait fin. Un jour ou l’autre, aussi sûr que nous sommes nés, nous mourrons. Ce court laps de temps qui nous est imparti – notre vie – nous avons toujours su, toi et moi, que nous devions le vivre pleinement. Il n’y aura pas de deuxième essai, pas d’autre chance. Cette vie, la nôtre, sans aucun doute possible, a un but ; un but unique, sacré et dont personne ne pourra nous détourner.

Nous devons créer notre destin, bâtir notre légende personnelle.

« Tu es seulement un instrument de la lumière. Tu n’as aucune raison de t’enorgueillir, ni de te sentir coupable ; il n’y a de motif que d’accomplir ton destin. » [1]

Rien de ce que tu as fait ou feras à l’avenir ne tend pas vers ce but. Tu aimes avec passion parce que tu ne sais et tu ne veux pas aimer autrement. L’élue de ton cœur, ces enfants qu’elle t’a donné, portent sa marque. Tu rêves, tu crées et tu construis parce que tu ne sais et tu ne veux pas vivre autrement. Chacune de tes entreprises porte sa marque. Tu es un ami fidèle, un fils affectueux et un ennemi terrible parce que c’est dans la mémoire des autres que ta légende se construit. Ta légende personnelle ; ta vie ; ce qu’il restera de toi quand tu ne seras plus là.

Et aujourd’hui, tu es en colère et tu te lamentes. Ils détruisent tes rêves, ils t’enferment dans leur étroit réseau de règles compliquées et minutieuses, ils t’accusent de crimes sans victimes et te punissent sans autre forme de procès. Tu sais bien que ces nobles motifs dans lesquels ils se drapent ne sont que de piètres faux-nez qui cachent si mal leurs misérables intentions. Ont-ils jamais procédé autrement ? Alors tu trépignes, tu protestes et tu t’indignes ; tu te perds en pétitions, en appels à la raison et en arguments. Mais à quoi bon ?

« Également instruit de ce que tu pourras et de ce que tu ne pourras pas, tu ne formeras aucune entreprise qui ne puisse être menée à bonne fin. » [2]

Il y a des combats qu’il faut savoir ne pas mener. Ce n’est pas de la lâcheté, ce n’est pas une reddition. Ils sont supérieurs en nombre, tu le sais bien, et mieux armés que nous. Ces gens-là n’ont pas la moindre trace d’amour dans leur cœur, ils n’ont pas la moindre trace de fierté ni d’humanité. Ils vivent au jour le jour, sans autre objectif que de vivre – ou plutôt de survivre – encore quelques jours à tes dépens. Ils n’aiment pas, ne crééent pas et ne construisent pas, ils n’ont pas de vie propre, pas de légende personnelle à bâtir. Ils ne sont que les atomes anonymes d’un groupe chimérique, des bestiaux sacrificiels qui réclament qu’on immole ta vie à leurs besoins immédiats en attendant d’être sacrifiés eux-mêmes aux besoins d’un autre.

Pourquoi mènerais-tu ce combat ? Quelle gloire pourrais-tu bien en tirer ? Tu sais que tu ne gagneras pas. C’est écrit. Pourquoi sacrifierais-tu tout ce que tu aimes, tout ce que tu as construit et pourrais construire ? Pourquoi abandonnerais-tu ton plus noble combat, notre combat, le seul qui puisse être noble ; celui qui consiste à poursuivre nos rêves ? Il y a des combats qu’il faut savoir ne pas mener, celui-là en est un.

Je sais bien qu’ils nous appellerons « traitres » ; ils l’ont déjà fait tant de fois. Ils voudront trainer nos noms dans la boue et ce, d’autant plus que l’heure de leur jugement approchera. C’est ce qu’ils ont toujours fait et, invariablement, le juge, le plus impitoyable de tous, est venu. C’est leur destin, celui qu’ils ont choisi ; pas le tiens. Le temps joue pour toi. Laisse-le donc faire : c’est un allier puissant.

Souviens-toi de ta mission, de ta promesse, de cette étoile sur ton berceau. Souviens-toi de tes enfants, de cette femme qui t’aime, de tes parents, tes amis, tes projets et tes rêves. Ne penses qu’à eux, poursuis ta vie, construis ta légende personnelle.

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[1] Paulo Coelho, Manuel du guerrier de la lumière (1997).
[2] Sun Tzu, L’art de la guerre

(c. VIè siècle avant J.C.)

La Bête en Vendée

Je suis d’accord avec Jean-Clément Martin , le terme de « génocide » n’est pas approprié dès lors qu’il est question du massacre des vendéens par les colonnes infernales de Turreau. Il n’y a pas eu la volonté d’exterminer les vendéens parce qu’ils étaient vendéens ; la Convention et le Comité de salut public ont sciemment laissé les colonnes infernales massacrer la population civile par simple souci d’efficacité militaire. Piètre consolation !

Le Comité de salut public a cautionné et il a cautionné avec une lâcheté inimaginable. Ils connaissaient précisément les intentions de Turreau, ils savaient pertinemment ce qu’il allait faire mais se sont bien gardés de donner la moindre instruction écrite. Le paroxysme de lâcheté étant sans doute atteint avec la lettre du 6 février 1794 de Carnot à Turreau.

Reste qu’en Vendée et ailleurs, ils ont massacré ou plutôt fait massacrer sans aucun discernement. Ils ont nommé des fanatiques pour organiser la terreur (Carrier à Nantes !) et envoyé leurs armées de sans-culottes piller, violer et tuer parce que, pour ces gens, la fin justifiait les moyens ; pour ces gens là, sauver la révolution était une cause qui justifiait amplement que l’on commette le pire. « Tout ce qui se passe est horrible, disait l’autre Saint-Just, mais nécessaire. »

Monsieur Martin se demande pourquoi « une partie de l’opinion de droite » éprouve le besoin « de dénoncer l’ennemi jacobino-bolchevique. » Vous vous méprenez cher Monsieur. D’une part, plaise à Dieu que ce ne soit pas qu’une partie de l’opinion « de droite » qui dénonce cet ennemi mais la plus grande partie des opinions de gauche, de droite et du centre. D’autre part, l’ennemi n’est pas (seulement) « jacobino-bolchevique », il est totalitaire.

L’ennemi, ce sont ces gens qui pensent que la fin justifie les moyens.

L’ennemi, ce sont ces gens qui estiment que leur cause justifie les pires crimes.

Le Comité de salut public, au même titre que les bolchéviques, les nazis ou les khmers rouges étaient de cette engeance là. La Bête ne donne pas nécessairement dans le génocide : elle tue par fanatisme, parce qu’elle n’a aucun respect pour la vie humaine, parce qu’elle se croie investie d’une mission qui lui donne tous les droits.

Régulons la finance !

C’est un fait entendu : cette crise est une conséquence directe de la dérégulation financière, de la funeste erreur commise par nos dirigeants qui ont cru, aveuglés par la doxa néolibérale, que le marché pouvait s’autoréguler, que cette fameuse main invisible était autre chose qu’un conte pour enfants naïfs. Il n’y a pas de débat et il ne doit pas y en avoir : l’heure est aux solutions, aux réformes ambitieuses, au volontarisme ; en un mot : à la reprise en main des banques, des marchés et de la finance en général par les pouvoirs publics.

Voici donc mes propositions :

Ce qu’il faudrait, dans un premier temps, c’est confier la supervison du secteur bancaire et financier au pouvoir politique – au ministère de l’économie et des finances – auquel on adjoindrait un comité que je propose d’appeler le Comité consultatif de la législation et de la réglementation financières qui serait en charge d’assister le ministre dans l’élaboration d’un cadre légal pour mettre fin aux excès de la finance. Nous pourrions alors élaborer quelques lois et règlements pour mettre un peu d’ordre dans notre système bancaire et financier et regrouper ces textes dans un code – nous appellerions ça le Code monétaire et financier [1] – qui viendrait, naturellement, s’ajouter aux dispositions législatives qui s’appliquent aux autres types d’entreprises.

Évidemment, l’irresponsabilité criminelle des banquiers et le comportement spéculatif des acteurs des marchés financiers laissent à penser qu’un cadre législatif et réglementaire ne suffit pas : il faut aussi que nous nous dotions d’une autorité chargée de réguler au jour le jour ces activités et de préserver ainsi la stabilité financière de notre économie. La Banque de France me semble tout à fait indiquée : c’est, bien sûr, une institution publique mais elle présente aussi l’avantage d’avoir des homologues dans tous les pays du monde ce qui pourra, par la suite, s’avérer utile. On y reviendra plus loin.

Bien sûr, il ne sert à rien d’avoir des lois si personne ne les fait respecter : nous auront donc également besoin de gendarmes. Au premier abord, il y a deux possibilités : soit nous créons un gendarme par corps de métier – un pour les banques, un pour les compagnies d’assurance etc… - soit nous regroupons ses fonctions dans une seule administration. Je plaide, pour ma part, pour la création de deux entités : une première – que j’appellerai ci-après l’Autorité de contrôle prudentielle (ACP) – qui serait chargée de surveiller les banques et les compagnies d’assurance et une seconde – mettons l’Autorité des marchés financiers (AMF) – qui se chargerait plus particulièrement d’encadrer, comme son nom l’indique, les marchés financiers [2]. Après un rapide chiffrage, j’estime que l’ACP devrait pouvoir fonctionner avec un petit millier de collaborateur et – mettons – 170 millions d’euros de budget tandis que l’AFM devrait se contenter de 400 collaborateurs et d’un budget annuel de 80 millions d’euros. Rassurez-vous : on fera payer les financiers.

Ces deux gendarmes spécialisés auront principalement trois missions. Primo, contrairement à ce qu’il se passe aujourd’hui, ils délivreront des autorisations administratives, des agréments, qui permettront de faire en sorte que personne ne pourra plus exercer le métier de banquier, d’assureur ou de gérant de portefeuille sans être dûment fiché. Deuxio, une fois identifiés, les différents acteurs pourront être contrôlés ; on dotera donc nos gendarmes de pouvoir élargis qui leur permettrons, par exemple, de faire une descente dans n’importe quel établissement quand ils le souhaitent et on leur demandera d’exercer leur contrôle sur le périmètre le plus large possible (les comptes, les relations-clients, le choix des fournisseurs, l’équipement informatique, les produits…). Enfin, bien sûr, nos gendarmes auront un pouvoir de sanction : l’état actuel de notre bloc de constitutionalité ne permettant pas de leur donner le droit de prononcer des peines de prisons [3], on se contentera de leur donner la possibilité de faire fermer boutique aux éventuels contrevenants.

Dans le cas de l’AMF, l’irrationalité malsaine et versatile des marchés financiers apatrides et mondialisés étant ce qu’elle est, il peut aussi être utile de lui donner la possibilité de légiférer. Oui, je sais, vous me direz sans doute que seul le peuple, au travers de ses représentants, est détenteur du pouvoir législatif, que c’est le principe même de la démocratie, mais vous voyez bien que c’est inefficace : nous ne pouvons pas espérer pacifier les marchés financiers et les remettre au service de l’économie réelle et donc de l’Homme en perdant du temps en procédures aussi longues et complexes qu’aléatoires. Il faut impérativement que cette autorité soit, tout à la fois, gendarme, juge et législateur. C’est à ce prix que nous nous garderons à l’avenir des excès de la finance ; pour faire simple, nous appellerons ce règlement le Règlement général de l’AMF [4].

Ce serait un bon début mais c’est encore insuffisant. Comme je le rappelais plus haut, les banques, la finance et les marchés sont non-seulement irresponsables mais aussi mondialisés et apatrides. Au cadre national, il faut donc superposer un cadre, dans un premier temps, européen. Du point de vue de la supervision, je propose la création d’un Système européen de supervision financière (SESF) qui sera chargé de mettre en œuvre la règlementation commune des marchés financiers. Ce dernier comportera deux niveaux : un Conseil européen du risque systémique (CERS) chargé de la surveillance des marchés à l’échelle macro-économique et un Système européen de surveillance financière (SESF aussi) qui regroupera les gendarmes nationaux des autres pays de l’Union lorsqu’ils auront, eux aussi, décidé de mettre fin aux exactions de la finance.

Pour ce qui est de la régulation, comme nous envisageons de la confier à la Banque de France au niveau national, il semble logique de faire de même dans toute l’Europe et de créer ainsi un Système européen de banques centrales (SEBC) qui regrouperait les banques centrales des pays de l’Union européenne et coordonnerait ainsi la régulation à l’échelle continentale. Ce sera aussi l’occasion de revenir sur la privatisation de la création monétaire en rétablissant le monopole de la Banque Centrale Européenne (dont on se demande bien à quoi elle peut servir) : je vous passe les détails techniques mais, en gros, il suffirait de faire en sorte que seule la BCE puisse imprimer des billets en euro et d’obliger les banques à maintenir une proportion minimale des dépôts qu’elles reçoivent sous forme de réserves auprès de la banque centrale. Croyez-moi, c’est imparable : avec un tel système, les banques seront enfin pieds et mains liées et nous pourrons dormir sur nos deux oreilles.

Voilà donc pour l’Europe ; passons au reste du monde. D’abord, c’est une des grandes leçons de la crise actuelle, il nous faut un organisme qui veille à la stabilité du système monétaire international et qui puisse venir au secours des nations qui font l’objet d’une attaque coordonnée des marchés financiers. Ce serait une sorte de fonds monétaire international que nous pourrions appeler International monetary fund (IMF) même si, je l’admets, ce n’est pas très original. Ensuite, de la même manière que nous avons coordonné les régulateurs nationaux européens, il faut faire de même à l’échelle mondiale en créant, un Financial stability board (FSB) qui s’occupera des banques et des assureurs et une International organization of securities commissions (IOSCO) pour les marchés financiers. Enfin, nous avons tous constaté les dégâts causés par la dérégulation totale de l’industrie bancaire – notamment l’abrogation du fameux Glass–Steagall Act – qui a permit aux banques, toute en même temps et partout dans le monde, de ne plus prêter aux riches mais aux pauvres et de prendre ainsi des risques tout à fait démesurés. Il nous faut donc créer une institution que nous chargerons de créer les normes prudentielles bancaires qui seront ensuite transcrites dans nos futurs cadres législatifs nationaux. La jolie ville de Bâle, en Suisse, pourrait accueillir ce comité que nous pourrions dès lors appeler le Comité de Bâle.

Voilà, dans les grandes lignes, la structure que nous devons mettre en place pour nous protéger des excès de la finance, de la rapacité des banquiers et des attaques spéculatives des marchés financiers. Bien sûr le projet est ambitieux – il est même révolutionnaire ; il marque la fin du règne du néolibéralisme de sinistre mémoire. Ce sont des centaines de milliers de lois qu’il va falloir écrire, des centaines d’organismes de contrôles et de surveillance qu’il va falloir créer, des centaines de milliers de fonctionnaires qu’il va falloir mobiliser. Mais songez au résultat : pour la première fois de l’histoire du genre humain, une industrie entière serait règlementée et contrôlée de manière homogène et efficace à l’échelle mondiale. Ce serait une grande première. La finance n’aurait plus un recoin sombre sur terre où se cacher ; elle n’aurait plus d’autre choix que soutenir l’économie réelle, solidaire et citoyenne, elle obéirait enfin aux injonctions du pouvoir politique, elle serait enfin au service de l’Homme.

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[1] Voici quelques idées de textes.
[2] On en profitera pour lui confier la supervision des agences de notation.
[3] Comme le disait si bien Ernesto Che Guevara, un procès équitable et la présentation de preuves de la culpabilité de l’accusé sont des « détails bourgeois archaïque. »
[4] Là aussi, voici quelques suggestions.

Pile ou face ?

Je vous propose un jeu. Vous avez le choix entre deux alternatives : soit je vous donne 100 euros immédiatement et le jeu s’arrête là ; nous appellerons cela l’option sans risque. Soit nous jouons à pile ou face ; pile, vous gagnez 1 200 euros ; face vous perdez 1 000 euros. Que feriez-vous ?

Comme la plupart des gens, vous avez sans doute préféré prendre mes 100 euros et en rester là. Vous avez sans doute remarqué que l’espérance de gain du tirage à pile ou face était strictement équivalente à celle de l’option sans risque. Vous avez une chance sur deux de gagner 1 200 euros et une chance sur deux de perdre 1 000 euros ; ce qui nous donne bien une espérance de gain de 100 euros. Ce qui fait que vous avez choisit l’option sans risque c’est qu’à espérances de gain équivalentes, le tirage à pile ou face vous expose à un risque. Or il se trouve qu’en tant qu’êtres humains, nous sommes averses au risque.

« Fais attention », « sois prudent », « ne prend pas de risque »… Ce sont les sages conseils que nous avons reçu depuis notre plus tendre enfance et ce sont ces mêmes conseils que nous avons, à notre tour, donné à nos enfants. C’est que, dans notre inconscient, le risque est asymétrique ; il n’a qu’un seul coté : le mauvais coté. C’est notre nature. Nous acceptons bien de prendre des risques mais seulement si « le jeu en vaut la chandelle. » Le risque n’est pas gratuit.

Le jeu et la chandelle

Par exemple, dans le cadre de notre jeu, si je souhaite vous inciter à prendre le risque de perdre 1 000 euros avec une probabilité de 50%, je dois augmenter votre espérance de gain : par exemple, si la pièce tombe coté pile, je vous paierai non plus 1 200 euros mais 1 500 euros. Dans ce cas, votre espérance de gain est de 250 euros ; soit 150 euros de plus que l’option sans risque. Cet écart, ce surcroît d’espérance de gain de 150 euros, est une prime de risque ; c’est la rémunération que nous exigeons pour accepter de subir un aléa. Elle varie en fonction des individus mais, en tout état de cause, elle est positive [1] – sans quoi vous n’accepteriez pas de prendre de risque – et elle est d’autant plus élevée que le risque est grand.

Pour un investisseur, et ce, quelque soit le projet d’investissement, cette notion de prime de risque est absolument essentielle. Comme dans le cas de notre jeu, il a le choix entre un investissement sans risque [2] comme une obligation de l’État allemand par exemple et une infinie variété de projets d’investissement plus ou moins risqués : créer une startup, acheter des obligations d’État espagnoles, acheter des actions Apple, investir dans un nouveau point de vente… Comme nous ne connaissons pas le futur, nous n’accepterons de placer notre argent dans un de ces projets risqués que si son espérance de rendement est supérieure au taux sans risque.

Bien sûr, si on prend le cas de la création d’une entreprise, le calcul de notre espérance de rendement n’a rien à voir avec un tirage à pile ou face. Il y a une infinité de scénarios possibles qui dépendent d’une infinité de facteurs et auxquels on peut associer une infinité de probabilités différentes. Créer une entreprise, c’est risqué et c’est encore plus risqué lorsque vous vous lancez dans un projet innovant sur un marché qui n’existe pas encore. Vous allez investir l’essentiel de vos économies dans ce projet, travailler – sans doute pendant plusieurs années – sans vous payer et vous savez que vous avez huit chances sur dix [3] d’y laisser toutes vos plumes ; autant dire que pour nous inciter à prendre ce risque, il faut que la rémunération en cas de succès soit conséquente.

Juste pour illustrer cette idée : si vous avez huit chances sur dix de perdre les 200 000 euros que vous avez investi dans la création de votre entreprise, une rémunération (salaires, dividendes, plus-value… à la fiscalité près, peu importe) de 800 000 euros correspond à une espérance de gain de zéro. Si ce chiffre vous semble exagéré, demandez-vous si, avec ces hypothèses, vous vous lanceriez dans l’aventure. Il y a fort à parier que non. La rémunération des investisseurs, c’est la rémunération du risque. C’est à ça qu’ils servent : à allouer du capital à des projets d’investissement et à en assumer le risque. C’est un des fondements essentiel du capitalisme : des opportunités de profits et des risques de pertes. Tuez l’un ou l’autre et c’est le système entier que vous détruisez.

Le choix, c’est maintenant !

Une société qui ne rémunère pas le risque est une société qui n’innove pas, qui ne progresse pas. C’est une société dans laquelle les fils ne peuvent pas espérer mieux vivre que leur père, la société dans laquelle nous avons vécu jusqu’à ce que la révolution industrielle nous arrache pour la première fois de l’histoire de l’humanité à notre misère séculaire, aux famines qui décimaient des familles entières et aux épidémies qui anéantissaient la population d’une ville en quelques mois. Pouvez-vous seulement citer une seule innovation, une seule invention utile à autre chose qu’à tuer des homo-sapiens qui soit sortie d’un pays socialiste ? La différence entre une société qui rémunère le risque et une société qui ne le rémunère pas, c’est la différence entre la France colbertiste de Denis Papin et l’Angleterre libérale de Thomas Newcomen : la première a laissé mourir un de ses inventeurs les plus géniaux dans la misère ; la seconde en a fait un homme riche et une des figures légendaires de la révolution industrielle.

Quand, pour la dernière fois, avons-nous vu sortir un Bill Gates, un Larry Page ou un Thomas Lipton de nos rangs ? Depuis des décennies, nous avons fait tout ce qui était possible et imaginable pour rendre la création d’une entreprise le plus onéreux possible, pour que ce soit le plus risqué possible et pour taxer l’espérance de gain des investisseurs. Si c’est un projet de société, si c’est une volonté de votre part, si vous voulez réellement décroître : dites-le donc et laissez-nous en tirer les conclusions qui s’imposent.

Mais si la soviétisation de notre pays n’est pas votre objectif, alors je suis au regret de vous dire qu’après 60 années d’efforts dans ce sens, c’est précisément là que nous allons. C’est la règle du jeu : vous voulez que les gens travaillent ? Rémunérez le travail. Vous voulez que les gens investissent ? Rémunérez le risque. Acceptez la règle ou assumez les conséquences : c’est pile ou face, il n’y pas d’autre option.

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[1] Sauf dans certains cas bien précis comme le casino (où les joueurs prennent du plaisir à perdre de l’argent) ou les loteries (perte minimale et gains gigantesques assortis d’une probabilité infinitésimale).
[2] Si tant est qu’une telle chose existe encore.
[3] Cette statistique ne veut rien dire ; c’est juste un exemple.

Chers tous

Chers tous,

Nous n’avons aucune revendication à formuler. Rien. Nous n’attendons rien de vous. Faites ce que vous voulez.

Mais soyez prévenus : nous ne produirons plus rien ; pas en France du moins. Nous ne créerons plus d’entreprises, nous n’écrirons plus de musique et nous ne publierons plus de livres. Vous n’aurez rien à taxer ; pas un centime. Vous devrez trouver un autre moyen. Sans nous.

Nous allons cesser de vous exploiter, de vous vendre des produits dont, à ce qu’il parait, vous ne voulez pas. Si vous voulez un travail et de quoi remplir votre garde-manger, demandez à l’État. Si vous voulez un toit sous lequel dormir, demandez à l’État. Si vous voulez des vêtements pour vous protéger du froid, demandez à l’État. Après tous, n’est-ce-pas ce que vous vouliez ?

Nous allons cesser de gagner de l’argent. Nous vous laissons vos euros. Prenez-les tous jusqu’au dernier et assurez-vous de n’en oublier aucun. Quand vous aurez faim, nos restaurants seront fermés ; vous pourrez manger vos euros. Quand votre toit s’effondrera ; vous pourrez vous abriter sous vos euros. Quand vos enfants seront malades ; donnez-leur donc quelques euros.

Vous allez enfin vivre dans le monde dont vous avez rêvé. Un monde sans nous ; sans exploiteurs, sans marketing, sans marchés, sans capitalisme, sans liberté. Vous allez enfin pouvoir expérimenter vous-même les conséquences logiques de votre morale. Vous allez enfin pouvoir décroître et vous sacrifier – vous et vos enfants – à un idéal plus noble que la poursuite de votre bien-être matériel.

Mais ce sera sans nous. Nous ne serons plus là pour régler vos factures. Nous allons nous contenter de regarder votre monde s’effondrer. Nous ne ferons rien. Ne vous inquiétez pas pour nous. Nous n’avons pas besoin de vous.

Choc fiscal : les plus-values

Le 31 décembre 2012, Johny investit toutes ses économies, 300 000 euros, dans une petite entreprise. Dès sa première année d’activité ses affaires se portent bien et il réalise un résultat net avant impôts de 30 000 euros ; soit un rendement sur fonds propres (Return on Equity pour les anglophones) de 10%. Comme Johny pense que son marché a un immense potentiel, il ne se verse pas un sou et réinvestit les 19 671 euros qui lui restent après paiement de l’impôt sur les sociétés (IS, 34,43% au taux normal). Bien lui en a prit : chaque année, il réédite l’exploit de maintenir son taux de rendement à 10% ce qui fait que ses bénéfices et ses fonds propres augmentent régulièrement.

Au bout de dix ans, le 31 décembre 2022, Johny décide de vendre son affaire. Comme cette dernière est rentable et qu’elle affiche désormais des fonds propres de 566 163 euros [1], il arrive à en tirer un bon prix : par hypothèse 1 132 325 euros ; c'est-à-dire deux fois les fonds propres.

Le gouvernement, au travers de son administration fiscale, constate donc une plus-value de 832 325 euros qui va être fiscalisée au titre des prélèvements sociaux (CSG, CRDS… 15,5% du la plus-value) et, après un abattement de 35,1% [2], au titre de l’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) ; soit 128 010 et 223 752 euros respectivement. Officiellement, donc, la plus-value de Johny a été taxée à hauteur de 42,4%.

Seulement voilà : Johny n’a pas vraiment réalisé une plus-value de 832 325 euros. La raison en est très simple : tout au long de la vie de son entreprise, il a réinvestit l’intégralité de ses profits – à l’IS près – dans cette entreprise. Au total, 566 163 euros pour être précis. À la fiscalité des dividendes près, quand un entrepreneur décide de réinvestir ses profits c’est comme s’il se versait tout en dividende et procédait dans la foulée à une augmentation de capital. Bref, Johny n’a pas investit 300 000 euros, il a investit 866 163 euros et sa plus-value n’est pas de 832 325 euros mais de 566 163 euros. À ce titre, étant donné l’argent que lui réclame l’administration fiscale, il est en réalité ponctionné à hauteur de 62,3% de sa plus-value.

Ce n’est pas fini. Comme nous l’avons noté plus haut, tout au long de ces dix longues années, Johny a payé de l’IS. 139 759 euros exactement. Or, cet impôt, comme vous l’avez sans doute compris est venu en déduction des réinvestissements de Johny et donc, de sa plus-value. C'est-à-dire que cette dernière a déjà été taxée chaque année depuis dix ans. Aux 352 762 euros de prélèvement sociaux et d’IRPP, il faut donc rajouter cet IS ; ce qui porte le total des impôts payés par Johny au titre de sa plus-value à 492 521 euros et son taux d’imposition à 87%.

Et maintenant, la cerise sur le gâteau : imaginez que, durant ces dix années, l’inflation ait été de 2%. Au 31 décembre 2022, la valeur réelle de l’investissement initial de Johny n’est plus de 300 000 euros mais de 365 698 euros (euros de 2022 [3], ci-après les euros*). C'est-à-dire que la plus-value réelle de Johny est bien moindre que la plus-value nominale que taxe le gouvernement. Bien sûr, le même raisonnement s’applique aux réinvestissements de Johny et aux montants d’IS qu’il a payé. Ramenés en euros 2022, sa plus-value réelle n’est plus de 566 163 euros mais de 478 182 euros* et il n’a pas payé 139 759 d’IS mais 151 459 euros*.

Résumons : le 31 décembre 2022, Johny a réalisé une plus-value réelle de 478 182 euros*, le gouvernement lui a déjà fait payer 151 459 euros* d’IS et lui réclame en complément 129 010 euros* de prélèvement sociaux et 223 752 euros* d’IRPP ; soit un total de 504 221 euros* d’impôts. Au total, Johny a donc été fiscalisé à hauteur de 105,4%.

« D'après tous les principes de la morale la plus universelle, le fait d'exiger de certains citoyens un impôt qui ne soit pas pensé et calculé comme le paiement de services rendus par l'État – le fait, donc, de prendre à certains hommes le fruit de leur travail et de leur propriété sans contrepartie – s'appelle un vol. »
- Philippe Nemo

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[1] Les 300 000 initiaux augmentés des réinvestissements annuels de Johny (je sais, je simplifie).
[2] 30% parce que Johny détient cet actif depuis 10 ans et 5,1% au titre de la CSG déductible.
[3] Si l’euro existe toujours d’ici là, cela va de soi.

Le socialisme en chemise brune

GK : Benoît Malbranque, vous publiez Le Socialisme en Chemise Brune, un « essai sur les dimensions socialistes du national-socialisme hitlérien. » Bénéficiez-vous d’une protection policière ?

BM : Vous pensez que je devrais ? (Rires). Non, d’ailleurs le livre relève de l’analyse historique et pas de l’essai polémique. Son objet n’est pas de dire que le socialisme est une forme de nazisme. Ce serait prendre les choses à l’envers. Mon objectif est d’apporter des réponses à une question en apparence assez banale, à savoir : Pourquoi Hitler intitula-t-il son mouvement National-Socialisme (Nationalsozialismus).

La plupart des historiens n’ont pas voulu prendre l’idéologie nazie au sérieux et ont prétendu sans même le prouver que le nazisme n’avait rien à voir avec le socialisme. Pourtant, Hitler se disait lui-même socialiste, Joseph Goebbels qualifiait son idéologie de « socialisme national », l’ancien numéro deux du parti, Gregor Strasser, disait travailler à une « révolution socialiste », et dans ses mémoires, Adolf Eichmann expliqua même que sa « sensibilité politique était à gauche ». Ce sont des éléments troublants, et cela pose question.

GK : Mais en quoi, précisément, les nazis étaient-ils socialistes ?

BM : Cela tient d’abord à l’histoire du mouvement. Quand il entra en politique, Hitler rejoignit le Parti Ouvrier Allemand, un groupuscule qui inquiétait l’armée par ses tendances communistes et révolutionnaires. Le programme politique de ce parti fut repris à l’identique quand, sous l’impulsion d’Hitler, il changea de nom pour devenir le Parti National-Socialiste des Travailleurs Allemands.

Le NSDAP se présentait comme un parti socialiste, opposé au capitalisme, à la haute finance, aux spéculateurs et aux grands patrons. Il promettait des nationalisations, l’interdiction du prêt à intérêt, l’éducation gratuite, et la mise en place d’un véritable État-Providence. Les Nazis critiquaient les socio-démocrates au pouvoir en disant que leur soi-disant « socialisme » avait abouti à un capitalisme encore plus prédateur et esclavagiste.

GK : Oui mais ça ce sont les promesses qui n’engagent que ceux qui les écoutent – c’est un peu comme quand le PS se dit socialiste : les nazis n’ont pas nationalisé toute l’industrie allemande que je sache ?

BM : Pour Hitler, ces questions étaient inessentielles. Le régime de propriété n’importait pas. La conservation de la propriété privée n’empêchait pas l’intervention massive de l’État dans l’économie.

Et celle-ci fut effectivement massive. L’État indiquait ce qu’il fallait produire, en quelle quantité, et à quel prix. Il imposait aussi les sources d’approvisionnement et les circonstances de vente. Dès 1933, les industriels et commerçants récalcitrants furent envoyés à Dachau. L’inflation réglementaire toucha aussi le marché du travail. L’économie allemande était devenue dépendante du pouvoir centralisé de l’État Nazi, qui la dirigeait par des plans quadriennaux. C’est ce que les nazis appelaient la Zwangswirtschaft, l'économie dirigée.

Enfin, Les plans de relance massifs tant promis furent mis en place par le régime. Les politiques sociales incluaient des aides aux plus démunis, des allocations par dizaine, et des réductions d’impôts pour les plus pauvres et la classe moyenne. Surtout, les Nazis ont institué un système d’État-Providence que de nombreux historiens ont comparé au Welfare State inspiré par William Beveridge.

Dans Mein Kampf, Hitler avait longuement salué la nécessité d’un mouvement syndical puissant et influent. Pour en finir avec l’exploitation capitaliste, il créa ainsi un syndicat géant, le Front du Travail, et ce dès 1933. Les douze années du Troisième Reich le prouvent : le socialisme d’Hitler n’était pas un argument électoral. Comme disent les anglais, he meant it.

GK : Pourtant, ils n’entretenaient pas précisément de bonnes relations avec les partis de la gauche marxiste : au-delà de la propriété des moyens de production, ils devaient bien avoir quelques désaccords non ?

BM : Les relations entre Nazis et communistes étaient ambigües. Les Nazis étaient antibolchéviques parce qu’ils observaient que c’était un désastre et que les dirigeants russes étaient presque tous juifs. Mais en même temps ils reconnaissaient qu’au fond leur idéologie politique était juste. Goebbels disait que le bolchevisme était « sain dans son principe » et Hitler expliquera qu’entre nazisme et bolchevisme il y avait plus de points communs que de divergences.

Dans les deux partis ont reconnaissait de profondes similarités dans les programmes politiques. De fait, les années 1920 furent marquées par des allers-retours massifs d’électeurs entre le parti nazi et le parti communiste. Les différences concernaient principalement l’internationalisme, encore que Staline développa en URSS un « socialisme dans un seul pays ».

N’oublions pas non plus que les plus grands adversaires des marxistes étaient les socio-démocrates. La lutte entre les différents partis du courant socialiste a toujours été très vive. Les antibolcheviques les plus acharnés d’Europe étaient les communistes Karl Kautsky et Rosa Luxembourg, et les socialistes comme Léon Blum.

Les communistes, les Nazis et les socio-démocrates se combattaient les uns les autres parce qu’ils étaient concurrents. Les tentatives de rapprochement des uns vers les autres n’aboutirent jamais, au grand dam des Nazis. Goebbels travailla ardemment pour collaborer avec les leaders communistes et les socialistes. Dans une lettre ouverte destinée à récupérer l’électorat marxiste, il les appela même « mes amis de la gauche ».

GK : On a souvent souligné le soutien que les milieux d’affaires ont apporté aux nazis ; ce n’est pas très cohérent avec un parti qui se réclame du socialisme…

BM : C’est une très vieille rengaine. Ce sont les soviétiques qui ont accusé en premier les Nazis d’être les agents du Grand Capital, et cette thèse a été utilisée abondamment par les historiens de l’Allemagne de l’Est. Aujourd’hui, elle est entièrement rejetée par l’historiographie du nazisme. On peut toujours citer les quelques cas individuels comme Fritz Thyssen, c’est vrai. Mais dans son ensemble, le grand capital resta loin d’Hitler, et appela même longtemps à lui barrer la route. Les grands industriels soutenaient en masse les partis de la droite conservatrice. Surtout depuis les travaux de l’historien américain Turner, les historiens du nazisme se sont détachés nettement de ce vieux mythe très utilisé dans les années de la Guerre froide.

GK : Vous faites un lien direct entre les politiques économiques hitlériennes et la nécessité de construire le Lebensraum, l’espace vital allemand : en quoi est-ce lié et n’y avait-il pas d’autres raisons ?

BM : Le racisme d’Hitler ne permet pas à lui seul d’expliquer correctement l’expansionnisme militaire et la construction du Lebensraum. J’ai donc essayé de déceler d’autres causes complémentaires plus significatives.

D’abord, l’ « espace vital » était un objectif de politique économique. Les Nazis essayèrent de développer l’autarcie économique par un protectionnisme massif, pour « échapper » au commerce international. C’est ce qu’expliquait déjà le philosophe socialiste Fichte, qui parlait d’ « État commercial fermé ». Il fallait étendre les frontières du Reich jusqu’à ce qu’il permette ce que Keynes appelait l’ « autosuffisance nationale ».

Entre l’expansion militaire et les politiques économiques, le lien est assez direct. La politique économique d’Hitler fut d’abord une réponse à la crise des années 1930. Le régime national-socialiste mit en place plusieurs plans de relance massifs, une politique de grands travaux issue des principes keynésiens. En parallèle, l’Allemagne se coupa du monde par un protectionnisme agressif. L'échec de ces deux politiques se traduisit par des déficits abyssaux.

À partir de 1938, Hitler expliqua que la guerre était inévitable parce que les finances du Reich étaient dans une situation trop catastrophique. L’expansion militaire fut une réponse rapidement trouvée, surtout qu’elle faisait échos aux considérations raciales du mouvement. Elle permettrait de maintenir en vie l’État national-socialiste. L’Allemagne ferait aussi un pas vers l’autarcie en constituant son « espace vital ».

Au-delà des considérations purement économiques, il est vrai également que les succès militaires pouvaient permettre de faire oublier la détérioration sensible du niveau de vie des Allemands.

GK : On a souvent tendance à réduire le nazisme à l’antisémitisme ; vous soutenez que la haine pathologique des nazis pour les juifs trouve aussi ses racines dans leurs convictions socialistes… N’est-ce pas un peu tiré par les cheveux ?

BM : D’abord, on a toujours tort de réduire le nazisme à l’antisémitisme, bien que ce raccourci soit toujours fondé sur des sentiments très nobles de compassion vis-à-vis de l’horreur que constitue la Shoah. C’est humain, c’est compréhensible, mais cela revient à falsifier l’histoire. De nombreux Nazis ont affirmé qu’ils n’étaient pas antisémites. C’est le cas de Göring, de Ribbentrop, d’Hans Frank, de von Papen, et de bien d’autres. On l’oublie souvent.

Je suis parti d’une observation : les socialistes du XIXe siècle ont été les plus grands promoteurs de l’antisémitisme, et ce de l’aveu même des historiens. Nous trouvons de l’antisémitisme chez Marx, Proudhon, Fourrier, Leroux, Toussenel : les noms se pressent. Même Jean Jaurès tomba dans ce piège. Furieux contre cette tendance, Auguste Bebel, le grand leader des socialistes allemands, qualifiera l’antisémitisme de « socialisme des imbéciles ».

Là encore, c’est un constat qui pose question. Pour ces socialistes, le Juif était le représentant ultime du grand capitalisme et de la haute finance. Chez Hitler aussi, l’antisémitisme fut lié à l’anticapitalisme. Selon lui, ils dominaient les grandes entreprises, les grandes banques, et la presse. Le capitalisme était leur « création géniale » comme il le dira une fois, l’arme avec laquelle ils asservissaient le peuple allemand.

GK : Autre idée très répandue : Hitler était-il fou ?

BM : Nous aimerions tous que ce soit le cas. Les choses seraient tellement plus simples. Malheureusement, Hitler fut loin d’être un malade décérébré. Il était cultivé, maniéré, et souvent charmant. Selon les dires de son entourage, il lisait toujours au moins un livre par soir. Les témoignages dont nous disposons montrent qu’en plus d’un talent d’orateur, Hitler possédait une intelligence certaine. Ses biographes se refusent désormais à parler de folie. Hitler était un homme rationnel prisonnier dans une idéologie politique destructrice.

Les Nazis, d’une manière générale, n’étaient pas fous non plus. Le docteur Gilbert, psychologue lors du procès de Nuremberg, fit passer aux dignitaires nazis un test de QI. Ils eurent presque tous largement au-dessus de la moyenne. Selon le témoignage de Goldensohn, le psychiatre du procès, les Nazis étaient tout sauf des malades mentaux.

GK : La question qui tue : le Front National est-il national-socialiste ?

BM : Lisez le livre, et vous verrez par vous-même. Mais répondre à ce genre de questions n’est pas mon rôle. La comparaison entre le nazisme et une formation politique d’aujourd’hui, de gauche ou de droite, n’a pas sa place dans un livre d’histoire. Pour de telles questions, c’est au lecteur de se forger sa propre opinion.

Le principal problème que je soulève dans l’épilogue du livre est surtout la tendance générale de notre époque, et non le positionnement politique de telle ou telle formation politique. Mais vous avez raison, l’étude de l’histoire amène à se poser ces questions dérangeantes.

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Le socialisme en chemise brune de Benoît Malbranque est téléchargeable gratuitement ici ou sur le blog éponyme.

Choc fiscal : les dividendes

Officiellement, sur la base des informations du PLF 2013, la fiscalité des dividendes perçus par des particuliers se décompose comme suit :

  1. Les prélèvements sociaux (CSG, CRDS…) à hauteur de 15,5% du montant du dividende brut ;
  2. L’impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP) calculé selon la barème progressif et assis sur 45,1% (40% d’abattement et 5,1% de CSG déductible) du montant du dividende brut.

Bien sûr, avant de verser un dividende, toute entreprise domiciliée en France paye un impôt sur les sociétés (IS) qui réduit d’autant le montant dudit dividende. Le taux normal de cet impôt est de 33% 1/3 auquel il faut rajouter une contribution sociale de 3,3% du montant de l’IS ; soit un taux effectif de 34,43%. Néanmoins, certaines sociétés échappent à cette contribution sociale [1] et peuvent bénéficier d’un taux réduit d’IS de 15% pour la fraction de leur bénéfice net avant impôt qui est inférieure à 38 120 euros [2].

Le calcul du taux de fiscalisation réel des dividendes impose donc de tenir compte de l’IS. Naturellement, ce dernier étant payé avant le versement d’un éventuel dividende, il est impossible de dire s’il a impacté plutôt le montant du dividende ou plutôt le montant réinvestit par les actionnaires. La seule méthode neutre consiste à considérer que la fraction d’IS à affecter aux dividendes est égale au taux de distribution après impôt. On considère donc qu’en l’absence d’impôt, les actionnaires auraient touché un dividende théorique égal au dividende réel augmenté de cette fraction d’IS. Exemple :

Une entreprise réalisé un bénéfice net avant impôt de 100k euros. Sur ce total, elle doit payer 34.43k euros d’IS et dispose donc de 65,57k euros de résultat net qu’elle peut choisir de distribuer ou de réinvestir. Si par hypothèse, elle décide de verser la moitié de cette somme (32,79k euros) à ses actionnaires, on considèrera qu’en l’absence d’IS, elle aurait également distribué la moitié de son bénéfice ; soit 50k euros. Dès lors, la part d’IS imputable aux dividendes est égale au produit du taux de distribution (ici 50%) et du montant total d’IS payé. Dans notre exemple 34.43k x 50% ; soit 17,22k euros. Du point de vue de l’actionnaire : sur un dividende théorique de 50k, il payé 17,22k d’IS (34,43%) et va maintenant devoir régler 15,5% de prélèvements sociaux et son IRPP.

Le taux de fiscalisation des dividendes le plus faible s’établit, selon mes calculs, à 28,2% du dividende théorique. Ce cas limite correspond à un dividende versé par une société éligible au taux réduit de l’IS (15%) qui a réalisé un bénéfice net avant impôt inférieur à 38 120 euros et versé ce dividende à un contribuable exempté d’IRPP [3]. Pour un dividende versé par une société soumise au taux normal de l’IS, le taux de fiscalisation minimum est d’environ 45%.

À l’opposé du spectre, le taux de fiscalisation des dividendes tends vers (sans jamais l’atteindre) 60,79% à mesure que les revenus fiscaux du contribuable augmente. Cette situation correspond aux dividendes d’entreprises soumises au taux normal de l’IS (34,43%) versés à des contribuables dont l’écrasante majorité des revenus sont taxés au taux marginal de l’IRPP (45%).

À titre d’exemple, un dividende de 1 000 euros payé par une société soumise au taux normal de l’IS (soit un dividende théorique avant IS de 1 525.1 euros) sera fiscalisé à plus de 50% pour les contribuables dont le revenu fiscal par part (hors ce dividende) est supérieur à 37 000 euros ; à plus de 55% au-delà d’un revenu fiscal de 110 000 euros et à plus de 60% pour les revenus fiscaux supérieurs à 878 000 euros.

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[1] Chiffre d’affaires hors taxes inférieur à 7,63 millions d’euros.
[2] Capital entièrement libéré et détenu à 75 % au moins par des personnes physiques ou des sociétés présentant ces mêmes caractéristiques.
[3] Revenu fiscal par part inférieur à 5 936 euros, dividende inclus.

Taux d'imposition supérieur à 100%

Prenons le cas d’un célibataire sans enfants avec un revenu de 100 000 par an. En principe, après l’abattement de 10% et application des différentes tranches, il devrait payer un IRPP de 23 571 euros ; soit un taux moyen de 23,6%.

Admettons que ce célibataire ait acheté pour 75 000 euros d’une obligation à 4%. Chaque année, il perçoit donc, en plus des revenus évoqués ci-dessus, 3 000 euros d’intérêts.

Selon le PLF 2013, avec ces intérêts, son IRPP augmente de 1 225 euros à 24 796 euros [1] auxquels viennent s’ajouter les 465 euros dus au titre des 15,5% de prélèvement sociaux ; au total, il paye donc 25 261 euros d’impôt.

Au total, ces intérêts sont donc frappés à hauteur de 1 690 euros (25 261 – 23 571) ; c'est-à-dire à 56,3%.

C’est ici que les choses cessent d’être fiscales pour devenir économiques.

Imaginons que l’inflation – qui est, je le rappelle, un impôt – soit stable à 2%. Le rendement réel de l’obligation de notre célibataire n’est donc pas de 4% mais de 2% ; autrement dit son gain réel n’est pas de 3 000 euros mais de 1 500 euros.

C'est-à-dire que pour un gain réel de 1 500 euros, il est taxé de 1 690 euros. Les revenus réels du patrimoine de notre célibataire sont donc taxés à hauteur de 112,7%.

Bien sûr, en cas de dérapage de l’inflation…

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[1] Les 5,1% de CSG déductible sont pris en compte.

Coin de table : les dividendes

Je ne suis pas fiscaliste. Ce qui suit est ce que je comprends à ce jour ; vos corrections sont les bienvenues :

Soit une Sarl qui réalise un bénéfice net avant impôt de 500 000 euros. L’actionnaire unique de cette entreprise – pour simplifier – est célibataire, ne perçoit ni salaire de l’entreprise, ni aucun autre revenu et souhaite se verser l’intégralité du bénéficie réalisé sous forme de dividendes.

Au titre de l’Impôt sur les sociétés (IS), la Sarl devra payer 31,9% de son bénéfice net avant impôt ; soit 159 678 euros. Cette somme se décompose comme suit : 38 120 euros taxés à 15% et 461 880 euros taxés à 33 1/3. L’actionnaire de la Sarl peut donc se payer 340 322 euros de dividendes [1].

Ce dividende va être, au premier abord, taxé à hauteur de 15,5% au titre des « prélèvements sociaux » ; la CSG (8,2%), la CRDS (0,5%), un prélèvement social de 5,7% et une contribution au financement du RSA de 1,1%. Au total, le propriétaire de cette entreprise devra donc s’acquitter d’un premier impôt de 52 750 euros.

Au titre du PLF 2013, l’option du prélèvement libératoire disparait. L’actionnaire de la Sarl n’a donc plus d’autre choix que de d’intégrer directement le dividende au calcul de l’Impôt sur le revenu des personnes physiques (IRPP). Il peut néanmoins réduire sa base imposable en déduisant (i) un abattement de 40% du montant brut du dividende (340 322 x 40% = 136 129 euros) et (ii) 5,8% de la CSG payée au paragraphe précédent (340 322 x 8,2% x 5,8% = 1 619 euros). Son assiette fiscale est donc égale à 202 575 euros (340 322 euros – 136 129 – 1 619).

Étant donné l’introduction d’une nouvelle tranche à 45% pour les revenus au-delà de 150 000 euros par an, l’actionnaire de notre Sarl devra s’acquitter d’un IRPP de 71 830 euros ; soit 21,1% du montant brut du dividende versé plus haut.

Résumons : sur un bénéfice net de 500 000 euros, il devra payer 159 678 euros d’IS, 52 750 euros de prélèvements sociaux et 71 830 euros d’IRPP ; soit un total de 284 258 euros d’impôts ou 56,9% de son bénéfice net avant impôts.

J’ai oublié quelque chose ?

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[1] La société compte moins de 250 salariés et son chiffre d’affaires est inférieur à 50 millions d’euros ; elle n’est pas assujettie à la contribution supplémentaire de 3% des sommes distribuées.

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Addendum : et effectivement, j'ai oublié quelque chose : le taux de CSG déductible baisse de 5,8% à 5,1%. Pour une état des lieux sur les dividendes, voir ici.

Rhouuu rhouuu

Il y a moins de 100 heures, une bande de copains, des créateurs de startups, découvraient sans trop y croire la teneur du choc fiscal prévu par le projet de loi de finances pour 2013 en général et les mesures qui les concernaient en particuliers. C’était la naissance des « Pigeons », le mouvement de défense des entrepreneurs français. Alors qu’internet fleuri de théories complotistes et que tous ce que la toile compte d’étatistes accusent ce mouvement d’être un coup de marketing politique, il est peut être (déjà !) temps de rétablir la chronologie des faits et un minimum de vérité : oui, les pigeons sont bel et bien un magnifique exemple d’ordre spontané, un bricolage entre amis qui est en train de prendre des proportions qu’ils étaient loin d’imaginer.

Ça commence vendredi 28 septembre, en tout début d’après-midi, avec une conversation qui s’engage entre plusieurs amis sur un post Facebook publié par un certain Carlos qui résume le matraquage fiscal prévu par le PLF 2013. À 13:16, Fabien suggère de créer un « putain de mouvement protestataire » ; six minutes plus tard, c’est aussi lui qui propose le nom des « pigeons ». À 13:29, Carlos semble convaincu par l’idée et demande qui va créer la page Facebook ; alors que Guillaume commence à se prend au jeu, Fabien suggère à Carlos de la créer lui-même à 13:31. À 13:33, c’est chose faite et à 13:39, Carlos poste le lien dans son fil de discussion. Les pigeons sont nés.

Le lendemain, samedi 29, à 9:49, Yaël annonce à la petite bande qu’il vient de déposer le nom de domaine defensepigeons.org ; il cherche un graphiste/designer pour faire un logo et des gens pour écrire les textes. À 15:34, alors que le groupe ne compte encore que 300 membres, un des administrateurs de la page suggère l’idée d’un rassemblement, « par exemple samedi 6 octobre vers 15:00, esplanade du Trocadéro. » À 16 :57, le compte Twitter (@DefensePigeons) et le hashtag #geonpi sont créés. À 17:23, la page Facebook du rassemblement des pigeons est mise en ligne. À 19:33, le groupe compte déjà plus de 650 membres. C’est à ce moment que votre serviteur, invité par deux de ses contacts, découvre le mouvement des volatiles urbains. À 22:42, les pigeons ont passé le cap du millier. Sur Twitter le hashtag #geonpi commence à connaître un succès certain : dimanche matin vers 1:50, c’est déjà le 4ème tag le plus utilisé sur Twitter en français.

Dimanche 30 vers midi, le groupe passe le cap des 2 000 pigeons ; les premières infographies apparaissent et Yaël annonce le lancement du site. Durant toutes l’après-midi, on voit défiler des imprimeurs et des infographistes qui proposent leurs services ; des dizaines de pigeons fouillent dans leurs contacts pour y trouver des journalistes, des caméramans… bref, c’est toute une petite communauté qui s’organise. À 17:03, les pigeons ont leur ePin's ; à 19:33, le cap des 3 000 est franchi ; à 21:47, un article de Jean-David Chamboredon sur economiematin.fr évoque le mouvement – c’est, à ma connaissance, le premier.

Lundi 1er octobre, Marc Simoncini évoque les pigeons sur BFM ; à 9:17, un autre article de J-D Chamboredon évoque les pigeons dans la Tribune ; à 9 :31, le cap des 4 000 pigeons est franchi. À midi, alors qu’un autre article est publié sur Euronews, il y a déjà plus de 5 000 pigeons. À 13:52, nous sommes 6 000 ; 7 000 à 15:34 ; 8 000 à 17:33 ; 9 000 à 18:54 pigeons ; et le cap des 10 000 est franchi à 20:11.

Ce matin, mardi 2 octobre à 6:32, il y avait déjà plus de 15 000 pigeons et, à 13:09, c’est au tour du seuil des 20 000 pigeons de tomber. Il est 15:50 et je compte plus de 22 000 pigeons dont 1 353 qui ont répondu présents pour le rassemblement des pigeons qui aura finalement lieu le 7 octobre à partir de 15:00 devant l’Assemblée nationale.

(NB : si j’ai manqué un épisode, n’hésitez pas à m’aider à compléter dans les commentaires.)

Sévices publics

Madame Filippetti, qui est entre autres ministre de la télévision d’État, estime que la « course à l’audimat » à la manière des « chaînes commerciales » n’est pas une bonne stratégie pour le groupe France Télévisions et souhaite que ce dernier se réoriente vers « une vraie mission de service public. »

La ministre établit donc une distinction entre deux stratégies orthogonales :
(i) La stratégie commerciale qui consiste à diffuser des programmes conçus pour nous plaire et dont le financement dépend du public qu’ils intéressent (abonnements, publicité) ;
(ii) La stratégie du service public qui consiste à nous forcer à financer des programmes indépendamment de notre intérêt pour ces derniers (redevance).

Madame Filippetti nous rappelle donc fort opportunément la différence fondamentale qui existe entre un service commercial et un service public en général. Un service commercial n’existe que dans la mesure où un nombre suffisant de consommateurs acceptent d’en payer le coût. Au contraire et par définition, un service public nous est rendu par l’État parce que le nombre de consommateurs qui accepteraient de payer pour en bénéficier serait insuffisant pour en assurer le financement. Les services publics naissent et prospèrent parce que nos dirigeants estiment que nous ne consommons pas les « bons » services ; parce qu’ils estiment savoir mieux que nous ce qui est bon pour nous ; parce qu’ils considèrent qu’il est légitime, qu’il est de leur devoir, de nous imposer leurs vues plutôt que de nous laisser choisir pour nous-mêmes.

Un service public peut donc survivre et se développer indéfiniment en rendant des « services » qui n’intéressent qu’une infime minorité tout en représentant un coût prohibitif pour l’ensemble de la collectivité. S’ils sont institués en monopoles d’État, c’est que n’importe quel concurrent privé rendrait de meilleurs services à un moindre coût ; s’ils sont rendus obligatoires, c’est que si elle avait le choix, l’immense majorité des citoyens préfèreraient s’en passer.

Plus le financement de ces « services » augmente, plus il pèse sur le budget des contribuables : ils sont contraints de payer pour des services dont ils ne veulent pas – du moins, pas à ce prix – et le budget qu’ils peuvent allouer à des services dont ils veulent réellement s’en trouve réduit d’autant. Lorsque la « contribution à l'audiovisuel public » de Madame Filippetti passera à 129 euros en 2013, ce seront 2 euros de plus qui viendront financer des programmes pour lesquels nos concitoyens ne souhaitent pas payer et 2 euros de moins qu’ils pourront utiliser pour s’offrir les programmes qui les intéressent.

Mais au-delà des programmes de divertissement, c’est aussi – et surtout – d’information qu’il s’agit. Le monde de Madame Filippetti est non-seulement un monde dans lequel l’État décide à la place des citoyens comment doit être dépensé le fruit de leur travail mais aussi un monde dans lequel la presse, lorsqu’elle n’est pas directement la propriété de l’État ou de groupes industriels qui travaillent pour l’État, est subventionnée – pour ne pas dire achetée – par ce dernier. C’est un monde dans lequel les quelques euros que vous auriez pu dépenser pour obtenir une information indépendante du pouvoir politique sont irrémédiablement captés par des médias aux ordres. C’est un monde dans lequel il n’existe plus aucun contrepouvoir, plus aucune liberté d’information si ce n’est sur internet en attendant sa mise en coupe réglée.

Est-ce vraiment le monde dans lequel vous souhaitez vivre ? Est-ce vraiment le monde que vous voulez léguer à vos enfants ?

Zola : l'égalité, jamais !

« Je suis en train de travailler à un roman, L'Argent, qui traitera des questions concernant le capital, le travail, etc., qui sont agitées en ce moment par les classes mécontentes. Je prendrai comme position que la spéculation est une bonne chose, sans laquelle les grandes industries du monde s'éteindraient, tout comme la population s'éteindrait sans la passion sexuelle. Aujourd'hui les grognements et grommellements émanant des centres socialistes sont le prélude à une éruption qui modifiera plus ou moins les conditions sociales existantes.

« Mais le monde a-t-il été rendu meilleur par notre grande Révolution ? Les hommes sont-ils en quoi que ce soit en réalité plus égaux qu'ils ne l'étaient il y a cent ans ? Pouvez-vous donner à un homme la garantie que sa femme ne le trompera jamais ? Pouvez-vous rendre tous les hommes également heureux ou également avisés ?

« Non ! Alors arrêtez de parler de l'égalité ! La liberté, oui ; la fraternité, oui ; mais l'égalité, jamais ! »

-- Émile Zola, interview dans le New York Herald Tribune (20 avril 1890).

Via Jean-Louis Caccomo.

#geonpi

C'est par ici facebook.com/lespigeonsentrepreneurs et par là twitter.com/DefensePigeons.

Rhouu rhouu...

Votre mot de passe

On ne va pas épiloguer pendant 150 ans, vous avez besoin : De mots de passe très forts (à partir de 128 bits), un par site (sauf, éventuel...