Abandonner l'euro, mais pour quoi faire ?

La vraie question n’est pas de savoir s’il faut ou non abandonner l’euro mais plutôt par quoi, dans l’hypothèse d’une sortie, nous entendons le remplacer.

Si le plan consiste, comme le veut le Front National, à revenir aux errements monétaires de la IVème République, planche à billet et dévaluations successives, alors il vaut mieux — et de loin — garder l’euro. C’est, de mon point de vue, la principale vertu de cette monnaie unique : elle prive nos gouvernements de l’usage de l’arme fiscale absolue et les oblige à légiférer de façon relativement transparente pour nous imposer.

Si, en revanche, la réintroduction du franc se fait dans l’esprit gaullien des années 1960 — un franc stable, géré rigoureusement et un véritable plan de réforme de notre économie et de nos finances publiques — alors, le débat et tout à fait différent. Les unions monétaires sans union politique ne tiennent jamais bien longtemps et nous avons tous pu constater la valeur des promesses faites il y a 20 ans [1] : quitter le navire avant qu’il sombre n’est pas une mauvaise idée.

Et c’est là que nous avons un problème. Le spectre des idées politiques disponibles sur le marché se divise en gros en deux : une majorité de voix qui veulent nous maintenir dans l’Union Européenne et la zone euro tout en les accusant de tous nos maux [2] et une minorité, principalement le FN, qui veut nous en faire sortir dans le but assumé de dévaluer et d’imprimer du franc à tour de bras.

C’est-à-dire, pour conclure, que nous fonçons droit dans le mur. Avec la vague de populisme qui nous menace de nous submerger ces temps-ci, je vois mal comment l’euro pourrait tenir et la seule autre option qu’on nous propose aujourd’hui, c’est la politique du pire, une variante de la révolution bolivarienne sans le pétrole. Abandonner l’euro, en soit, ça ne veut rien dire : tout le sujet et de savoir ce qu’on fait à la place.

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[1] Rappel : afin d’éviter que ce qui est arrivé en Grèce arrive (un passager clandestin), nous nous étions tous engagés à maintenir nos déficits publics en deçà de 3% du PIB. C’était en 1997, vous connaissez la suite.
[2] Je ne cherche pas ici à nier les inconvénients de l’UE et de l’euro : je dis juste qu’ils ont, très souvent, bon dos.

Note 1 : Pour mémoire : le nouveau franc gaullien, introduit en 1960, valait environ 0.81 deutschemark à sa création. De 1969 (dévaluation de Pompidou) à la fin des années 1980 (politique du franc fort), il va perde 63% de sa valeur à coup de dévaluations successives — notamment en 1981-83, sous Mitterrand, avec barrière douanières et politique de relance. Je laisse à chacun juger l’efficacité remarquable de ces politiques.

Note 2 : à titre personnel, je reste partisan d’un système de monnaies privées en concurrence et je suis à peu près convaincu qu’on y viendra un jour ou l’autre. Mais bon, ça n’est pas pour demain.

1 commentaire:

  1. Une idée soumise ailleurs:
    Est-il si nécessaire d'abandonner l'euro.
    On pourrait par exemple s'inspirer des des monnaies locales. En créer une à l'échelle du pays, non convertible (ou alors avec une grosse décote), utilisable pour des transactions <500 euros et entièrement électronique (cb, moneo, etc).
    Possibilité de payer une partie de ses impôts avec cette monnaie. Obligation pour les commerçants de l'accepter.

    L'avantage de ve dispositif est de réinjecter de l'argent dans l'économie (sous contrôle de l'etat) sans creuser le déficit extérieur (puisque non convertible).

    Quant aux défauts, je vous laisse les trouver!

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