12 stratégies pour éviter de se faire tondre en 2012

1/ Plus de dettes que de liquidités tu auras. Attendu que les États détiennent le monopole de la violence, qu’ils sont endettés et qu’ils disposent d’une technologie – la « planche à billet » – qui leur permet d’imprimer autant d’euros qu’ils le souhaitent, tu veilleras soigneusement à rester du bon coté un fusil en évitant de détenir du papier-monnaie mais en en devant le plus possible aux autres. Parce que tu sais, Ô lecteur avisé, qu’il vaut mieux voir fondre la valeur de ses dettes que celle de son épargne.

2/ Des actions tu achèteras. Règle numéro 1 des investissements en actions : « acheter au son du canon et vendre au son du clairon. » Il ne t’aura pas échappé, Ô lecteur aux oreilles de lynx, que c’est bien le bruit de la poudre et l’odeur du salpêtre qui dominent l’actualité. Par ailleurs, si les actions ont ceci de commun avec les obligations qu’elles génèrent des revenus, elles ont en revanche ceci de différent qu’elles génèrent des revenus variables. L’inflation qui pointe le bout de son groin à l’horizon te suggère donc avec insistance de privilégier les premières par rapport aux secondes. Les actions, tu vas donc les acheter et voici quelques suggestions pour te guider dans tes emplettes.

3/ Les actions américaines tu préfèreras ; si le pays d’Oncle Sam n’a pas brillé par sa clairvoyance ces dernières années, le citoyen étasunien moyen reste globalement plus compétent en matière économique que nous autres, habitants de la vieille Europe. Ainsi donc, tu as quelques bonnes raisons de penser que le gouvernement des États-Unis sera moins prompt à saborder son économie que les clowns à roulettes (copyright h16) qui nous gouvernent. C’est donc outre Atlantique que tu feras ton marché.

4/ Les financières et les pétrolières tu privilégieras. Tu feras ça précisément parce que ton cerveau reptilien te dit de n’en rien faire (rappel de la règle numéro 1) et parce que toi, Ô lecteur malin comme un singe, tu n’es pas un lézard mais un primate évolué et doué de raison. Ainsi donc, tu sais que dans un monde de monnaies-papiers administrées par des planificateurs soviétiques à la solde des clowns à roulettes déjà évoqués plus haut, la possibilité d’un nouveau « credit crunch » et d’une nouvelle vague de faillites bancaires relève plus de la théorie que de la pratique.

5/ La dette publique (et notamment AAA), comme la peste, le choléra et le scorbut tu fuiras. Non pas, Ô lecteur dont la sagesse égale ou surpasse même celle de l’ibis sacré du Nil, que tu crois ne serais-ce qu’un instant à un défaut de paiement mais plutôt que des taux d’intérêt réels négatifs et le doux ronronnement de la planche à billet te donne toutes les meilleures raisons du monde de penser que celui qui s’y risquera y laissera plus d’une plume. Sage et érudit, tu sais que des taux qui remontent c’est aussi des prix qui baissent ; et tu sais aussi qu’au niveau des prix actuel et avec l’inflation qui se prépare, la dette publique c’est la déculottée garantie.

6/ Il suit de la précédente que du fonds en euros de ton contrat d’assurance vie tu te débarrasseras. Car bien sûr, tu sais qu’en ultime analyse, les marchés financiers tant décriés c’est toi. Ainsi donc, tu préfèreras les « unités de comptes » (c'est-à-dire des fonds d’investissement) investis au moins en partie en actions.

7/ Dans l’immobilier (et avec effet de levier) tu investiras. Tu privilégieras cependant les investissements les moins onéreux au mètre carré et éviteras soigneusement les petites surfaces, notamment parisiennes. Car toi, Ô lecteur doté d’une ouïe qui n’a rien à envier aux fennecs du désert, tu as entendu et bien compris que les clowns à roulettes envisagent très sérieusement de nous refaire le coup du plafonnement des loyers – solution mainte fois essayée et aux effets invariablement catastrophiques. Tu préfèreras donc des grandes surfaces en province ou même de l’immobilier commercial – pour les détails, tu te rapprocheras de l’ami XP.

8/ La bulle tu chercheras. La question n’est pas de savoir s’il y aura une bulle mais de savoir où et quand elle se gonflera. Forts de l’expérience de celles et ceux qui nous on précédé, nous savons toi et moi qu’elle peut avoir lieu sur le marché des actions ou sur le marché immobilier et qu’elle suit de quelques années l’ouverture toute grande des vannes de la banque centrale ; bref, c’est pour bientôt. Des prix totalement déraisonnables dans un secteur lourdement subventionné et favorisé par les pouvoir publics ; telles sont les caractéristiques de la bulle que nous cherchons. Tu y investiras avec la même ferveur que les autres à cette différence près que tu te tiendras prêt à vendre à mon signal (ton serviteur assurera le service après-vente).

9/ L’or et les métaux précieux tu n’accumuleras pas. Beaucoup l’ont fait avant toi et tu sais que l’administration fiscale des clowns à roulette ne va pas tarder à s’y intéresser. Quitte à stocker des matières premières, tu préfèreras celles qui sont aujourd’hui moins onéreuses et moins fiscalement repérables.

10/ De la même manière, le Franc suisse tu éviteras. Aux raisons applicables aux métaux précieux s’ajoute le fait indiscutable que le CHF est aussi une monnaie-papier administrée par une banque centrale en liaison directe avec la direction générale du groupe Nestlé. L’expérience récente prouve que ladite banque centrale se fiche comme d’une guigne du pouvoir d’achat de l’helvète moyen mais répond diligemment à toute demande de dévaluation provenant de l’état-major des grandes entreprises suisses.

11/ Des marchés émergents en général et de la Chine en particulier éloigné tu te tiendras. Si l’Empire du milieu a copié nos bonnes recettes, il a fait de même avec nos idées les plus absurdes en y ajoutant une dose certaine d’autoritarisme et de gigantisme. L’admiration que suscite le gouvernement local chez nos souverainistes et autres étatolâtres socialoïdes doit éveiller chez toi, Ô lecteur, la méfiance salvatrice de la souris face à un gros morceau de gruyère posé sur une planche en bois au pied du garde-manger.

12/ Dans un nouveau passeport, tu investiras. 2012 ne sera certainement pas la fin du monde mais un second tour Marine le Pen contre Jean-Luc Mélenchon n’était désormais plus totalement impossible, mieux vaut se tenir prêt.

Bonne chance à toutes et à tous.

(Publié sur ilikeyourstyle.net, sur le ton d'une aimable plaisanterie, certes, mais méfiez-vous tout de même.)

Les 10 plus grosses

Un graphique de Goldman Sachs : les dix premières banques mondiales par la capitalisation boursière (1991-2011).

(cliquez pour agrandir)

Via Zero Hedge.

Pulp Libéralisme

Le must read de la rentrée : Pulp Libéralisme, la tradition libérale pour les débutants par Daniel Tourre aux éditions Tulys.

Une introduction à la pensée libérale classique à la sauce inimitable de Daniel (humour et bandes dessinées des années 50) avec préface de Damien Theillier. Quelques pages en avant-première sur le blog de Daniel.

Toutes les marques sont vertes

Quelle différence y a-t-il entre un parfum bas de gamme (une marque distributeur dans un magasin de hard discount par exemple) et un flacon de Flower de Kenzo ? Intuitivement, on est tenté de répondre (i) le prix et (ii) la qualité. Dans le premier cas, c’est difficilement contestable ; dans le second, il y a évidemment une part d’appréciation subjective qui rend cette notion de qualité assez difficile à mesurer objectivement. Le fait est que l’écart de prix se justifie, en grande partie, par la marque (Kenzo) et l’image que nous nous faisons du produit (Flower) ; c'est-à-dire par du marketing et de la publicité.

Le marketing et la publicité augmentent la valeur d’un bien ou d’un service en le rendant plus désirable. L’écart de prix entre un parfum bas de gamme et un flacon de Flower de Kenzo est la mesure de la valeur ajoutée de cette communication. Cette valeur ajoutée, comme toute valeur, est subjective mais ça n’est pas pour autant qu’elle n’est pas bien réelle : elle va permettre de payer les salaires de Kenzo, les bénéfices de Kenzo et les impôts de Kenzo. Elle correspond, par exemple, à l avaleur du pain qu’un boulanger a du produire et vendre pour offrir ce flacon à son épouse ou à la partie du pont que les impôts générés par cette production immatérielle de Kenzo va permettre de construire.

Katja Grace propose un argument intéressant à ce propos : dans un flacon de Flower de Kenzo, vous n’avez pas que du parfum et du verre ; vous achetez aussi – et même principalement – du luxe, de l’image de marque [1]. Or, une particularité de l’image de marque c’est qu’elle ne consomme pas la moindre ressource naturelle finie. Nous pouvons créer une quantité pratiquement infinie d’image de marque sans utiliser la moindre ressource naturelle ; c’est d’autant plus vrai que là où, il y a quelques décennies, il aurait fallu imprimer des journaux ou des affiches, la communication d’une marque est désormais essentiellement dématérialisée.

Prenez-le comme ça : combien de flacons de parfum bas de gamme devriez-vous offrir à l’élue de votre cœur pour en retirer la même satisfaction que celle que vous obtiendrez en lui offrant un flacon de Flower de Kenzo ? Quelque soit le résultat, vous devriez observer que, pour la même valeur mesurée en euros, vous consommerez infiniment plus de ressources (composants du parfum lui-même et emballage) en achetant du parfum bas de gamme qu’en achetant le produit de Kenzo. En d’autres termes, la consommation de produits de marque remplace la valeur ajoutée issue d’une exploitation de ressources finies par une valeur ajoutée purement immatérielle, potentiellement infinie et totalement non-polluante. Trouvez donc plus écologique que ça [2] !

On peu schématiquement se représenter la valeur d’un flacon de parfum comme étant composée d’une part matérielle [3] (i.e. le liquide et le flacon) et d’une part immatérielle (i.e. la marque). Si vous observez comment ont évolué nos modes de production et nos habitudes de consommation, vous verrez que non seulement les progrès technologiques induits par la recherche de profitabilité ont considérablement réduit les ressources nécessaires à la production de la partie matérielle mais en plus, la valeur des produits que nous consommons aujourd’hui est proportionnellement plus immatérielle qu’elle ne l’était encore il y a quelques décennies.

Ce que nous appelons « société de consommation », c’est une société où, les besoins primaires de tous étant assurés, les gens consacrent une part croissante de leurs revenus non plus à la satisfaction de besoins mais à des plaisirs. C’est une société dans laquelle nous consommons effectivement plus qu’autrefois mais c’est aussi une société où notre consommation est de plus en plus immatérielle.

---
[1] Katja utilise l’exemple d’une bouteille de champagne et parle de « classiness ».
[2] A part ne pas consommer du tout bien sur.
[3] Disons le prix auquel vous accepteriez de payer ce parfum dans un emballage neutre, sans marque.

Flash Mob de Noël

Un peu de poésie dans ce monde de brutes. Les étudiants de l’école de musique de l’université du Minnesota font une petite surprise à leurs voisins de la Carlson School of Management.

via Mark Perry.

Green junk

Alex Newman dans le New American : « Despite billions in taxpayer subsidies pumped into the so-called “green-energy” industry, almost 15,000 windmills — maybe more — have been left to rot across America. And while the turbines have been abandoned over a period of decades, the growing amount of “green junk” littering the American landscape is back in the headlines again this week. » (via Mark Perry).

C’est la fin de la religion climatique. Avec le tarissement des subsides publics, les éoliennes vont rejoindre les temples égyptiens et les pyramides précolombiennes dans la liste des vestiges des religions disparues.

Valeur intrinsèque zéro

Un petit tableau récapitulatif sur l’évolution des valeurs de l’euro, du dollar US et de la livre sterling entre le 4 janvier 1999 et le 30 novembre 2011 (i.e. un peu moins de 13 ans) exprimées en onces d’or fin, d’argent, de platine et de palladium.

EURUSDGBP
Or-81%-83%-84%
Argent-82%-84%-85%
Platine-73%-76%-78%
Palladium-34%-42%-46%

Pour l’or et l’argent, j’ai utilisé le prix de la London Bullion Market Association (fixing du matin à Londres) ; pour le platine et le palladium, les données sont celles du London Platinium & Palladium Market (fixing du matin à Londres).

« Le papier-monnaie revient finalement à sa valeur intrinsèque - Zéro. » (Voltaire)

Votre mot de passe

On ne va pas épiloguer pendant 150 ans, vous avez besoin : De mots de passe très forts (à partir de 128 bits), un par site (sauf, éventuel...