Aux dernières nouvelles, le prix d’un menu Big Mac à Caracas était de 135 bolivars vénézuéliens ; ce qui, une fois converti en dollars au taux officiel (USD 1 = VEF 6.2921), nous donne 21,5 dollars.
Un exercice amusant consiste à répéter la même opération pour plusieurs grandes villes d’Amérique du sud — on refait une sorte d’indice Big Mac en temps réel en somme. Voici ce que ça donne (le 10 février 2014 vers 17h, heure de Paris) :
Pays (ville) | Local | Dollar |
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Venezuela (Caracas) | VEF 135 | 21.5 |
Argentina (Buenos Aires) | ARS 48 | 6.1 |
Brazil (Rio de Janeiro) | BRL 19 | 7.9 |
Chile (Santiago) | CLP 3 475 | 6.3 |
Colombia (Bogota) | COP 12 954 | 6.3 |
Peru (Lima) | PEN 14 | 5 |
Uruguay (Montevideo) | UYU 209 | 9.4 |
Étrange n’est-il pas ? Le menu Big Mac de Caracas semble anormalement plus cher qu’ailleurs. À vrai dire, à ce prix-là, c’est même le plus cher du monde : même à Oslo, ville pourtant réputée pour le prix monstrueusement élevé du Big Mac, on ne paye ce menu que $16.
Et ça ne s’arrête pas aux burgers : en 2013, selon The Economist [1], Caracas a fait une entrée fracassante dans le top 10 des villes les plus chères du monde. Avec un indice du coût de la vie (indice WCOL) de 126, la capitale vénézuélienne s’adjuge la neuvième place du classement, juste entre Paris (128) et Genève (124), en progression de pas moins de 25 places en à peine un an.
Il va de soi — mais vous l’aviez deviné — que ces statistiques quelque peu surprenantes n’ont rien à voir avec un succès aussi improbable d’irréel de la révolution bolivarienne et tout à voir avec la surévaluation ridicule du taux de change officiel du bolivar. En retenant celui du taux du marché noir, soit environ 81 bolivars par dollar, le menu Big Mac de Caracas vaudrait tout juste 1,7 dollars. Ce qui est, pour le coup, anormalement bas.
Une manière de contourner le problème consiste à se demander de combien il faudrait faire baisser le cours officiel du bolivar pour ramener le prix de notre menu Big Mac dans la norme de ce qui se pratique de Lima à Montevideo. La réponse est très simple, c’est une simple règle de trois : de quelque chose compris en 56% et 77%.
Et maintenant, considérons l’affirmation selon laquelle à 3 270 bolivars par mois, soit 519,7 dollars au cours officiel, le salaire minimum vénézuélien est le plus élevé d’Amérique du sud. Si nous appliquons les décotes que suggère notre indice Big Mac, la valeur réelle du Smic bolivarien n’est pas de 519,7 dollars mais se situe quelque part entre 120 dollars et 228 dollars au grand maximum.
C’est-à-dire qu’une fois retraité de la surévaluation du bolivar, le salaire minimum vénézuélien est probablement le plus faible du continent, au coude-à-coude avec son équivalent bolivien ($173,66).
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[1] Worldwide Cost of Living 2013, édition de décembre 2013 basée sur des données collectées en septembre 2013 (voir sur eiu.com).
¡Viva la revolución!
RépondreSupprimerUn autre point de vue ici : Vénézuela : le revenu minimum baisse
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