Au 31 décembre 2015, l’actif de l’État était évalué à 982.3 milliards d’euros.
On y trouve principalement des actifs physiques (terrains, immobilier, infrastructures, notamment routières, matériel, notamment militaire), des participations financières (les très nombreuses participations de l’État, avec ou sans contrôle, mais aussi prêts et avances à des collectivités ou à des États étrangers) et même des immobilisations incorporelles (comme, par exemple, le spectre hertzien, évalué à 8.2 milliards). À cela se rajoutent un actif circulant, composé de stocks (notamment militaires) et de créances et la trésorerie de l’État.
Le passif de l’État est composé à 76.4% de sa dette financière c’est-à-dire des obligations émises pour financer nos 42 ans de déficits budgétaires et, dans une moindre mesure, pour gérer la trésorerie de l’État. À côté de ça, on trouve évidemment un certain nombre de créances (fournisseurs, personnels, retraites, trop-perçus d’impôts etc…), quelques provisions pour risques et charges ainsi que les dépôts réalisés par un certain nombre d’institutions publiques (les correspondants du Trésor) auprès du Trésor.
Au total, ça fait un passif de 2 097 milliards et donc une « situation nette », l’équivalent conceptuel des fonds propres d’une entreprise, négative de — tenez-vous bien — 1 115 milliards d’euros. C’est-à-dire que si, le 31 décembre 2015, nous avions décidé de fermer la boutique : de vendre tout ce que l’État possède et de rembourser les dettes, ça nous aurait laissé une ardoise de 1 115 milliards à régler.
Alors évidemment, pour une entreprise ou un ménage, ce serait une situation inconfortable mais pas insoluble. Avoir plus de dettes que de patrimoine, en soi, ça n’est pas nécessairement dramatique : il suffit d’avoir de bons revenus, de tenir vos dépenses et, ainsi, de rembourser vos dettes et même vous constituer un capital.
Sauf que, s’agissant de l’État, ses dépenses sont très nettement supérieures à ces revenus et ce, depuis 1975. Pire encore : la seule idée de réduire son déficit — sans même oser parler d’équilibrer son budget — est généralement qualifiée de politique d’austérité et donne invariablement lieu à une levée de drapeau spectaculaire de la part de ceux-là même qui, soit dit en passant, estiment que nos dettes sont « illégitimes ».
Et pourtant, ça tient. Là où n’importe quelle entreprise aurait déjà été mise en liquidation judiciaire, alors que votre ménage serait depuis longtemps placé sous tutelle, on trouve encore des fous pour oser nous prêter de l’argent sur des durées extravagantes et à des taux dérisoires.
Il n’y a, je l’ai déjà dit plusieurs fois et je réitère ici, pas de magie en ce bas monde. Si l’État ne peut être comparé à un ménage ou à une entreprise, ce n’est pas parce qu’il est de nature surnaturelle mais parce que, que nous le voulions ou non, nous sommes tous garants des dettes qu’il contracte.
La dette publique, comprenez-le, c’est notre dette à tous. Si l’État, pour une raison ou une autre, devait avoir quelques difficultés à faire face à ses obligations, il dispose d’un gigantesque réservoir de revenus non exploités : vos revenus et votre épargne. C’est là toute la différence : l’État, par définition, jouie du monopole de la coercition et donc de la fiscalité.
N’attendez pas de miracle : il n’y en aura pas. Soit nous mettons nos finances publiques en ordre — et le plus tôt sera le mieux — soit nous finirons par recevoir l’addition, pour ne pas dire la multiplication, de 42 années consécutives d’irresponsabilité budgétaire.
Dans l’état actuel des choses, augmenter les impôts est exclu : nous avons déjà une des pressions fiscale les plus élevée au monde et nous sommes devenus, ses dernières années, les champions du monde en matière d’exil de contribuables fortunés, de créateurs d'entreprises et même d'étudiants diplômés. Le taux de l’impôt en réduit l’assiette, c’est un principe vieux comme le monde.
Renier la dette publique ? C’est de l’ordre du possible mais avant de vous lancer sur cette piste, vérifiez bien que vous n’êtes vous-même pas un créancier de l’État (vous avez un contrat d’assurance-vie en euro ?) et oubliez jusqu’à la notion de déficit public parce qu’après un défaut de paiement, vous ne trouverez plus le moindre créancier.
Quant à l'usage de la planche à billets, rêve délirant des deux fronts, elle revient exactement au même à ceci près que la ponction de notre épargne et de nos revenus ne sera même pas soumise à un contrôle parlementaire. Si vous cherchez un exemple de ce que donnent ce type de politiques, le Venezuela vous en donne un à ceci près qu'il disposent des premières réserves pétrolières mondiales.
Non, il n’y a pas d’autre option : il faut, et de toute urgence, réduire drastiquement nos dépenses publiques, relancer notre économie en levant la chape de plomb réglementaire qui l’étouffe, vendre (en les valorisant au mieux) les actifs qui n’ont rien à faire dans le giron de l’État et nous engager, à long terme, à générer des excédents budgétaires.
C’est encore possible, il n’est pas trop tard, mais continuer à tergiverser serait fatal.
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NB : les chiffres que je donne ici ne concernent que l'État au sens strict. La réalité est encore pire puisqu'il faut ajouter à ce qui précède les dettes des autres administrations publiques, y compris les centaines (ou milliers) de milliards qui ne sont pas officiellement comptabilisés dans nos dettes publiques.
"après un défaut de paiement, vous ne trouverez plus le moindre créancier"
RépondreSupprimerEst-ce vraiment un inconvénient? Ou une manière efficace de forcer les dirigeants a enfin équilibrer le budget? Ce qui en plus ne serait pas bien compliqué car la charge de la dette n'est pas loin d'être égale au déficit si je me souviens bien.
"forcer les dirigeants à enfin équilibrer le budget" que le patron me corrige si je me trompe, mais non, généralement, les dirigeants choisissent la planche à billets.
SupprimerLA DETTE
RépondreSupprimer1981 (Mitterrand) 110 milliards €
2016 (Hollande) 2200 Milliards €