Invité sur BFM Business ce lundi 16 septembre, l’inénarrable Jacques Attali – polytechnicien, énarque, haut fonctionnaire, professeur, écrivain, acteur, chef d’orchestre et d’entreprise [1] et accessoirement conseiller spécial du prince – nous dévoilait un coin de l’épais mystère qui enveloppe le rapport sur l’Économie positive qu’il doit remettre au Président de la République ce 21 septembre de l’an de grâce 2013.
À commencer par la question que tout le monde se pose – du moins dans les lieux suffisamment éloignés du pouvoir pour ne pas être au courant mais pas assez pour s’en moquer éperdument – à savoir : mais qu’est-ce donc que l’Économie positive ? Eh bien, « l’économie positive, nous révèle l’intéressé, c’est l’économie qui s’intéresse au long terme, c’est-à-dire qui prend ses décisions en fonction de l’intérêt des générations suivantes. »
Nous voilà édifiés.
Quoi que… Peut être une illustration serait-elle utile pour mieux comprendre de quoi il retourne ; c’est l’indéboulonnable Jacques qui nous la donne : l’Économie positive c’est, par exemple, « faire en sorte que l’entreprise elle-même ne soit la plus la propriété seulement de ses actionnaires mais qu’elle reflète l’intérêt de toutes les parties prenantes et en particulier qu’elle donne un droit de vote (en quelques sortes) aux générations suivantes. »
Les choses sont beaucoup plus claires : c’est encore une énorme fumisterie.
Un rapide tour sur le site du mouvement attalien permet d’y découvrir son équipe de penseurs pluridisciplinaires : on y retrouve quelques noms connus comme ceux – par ordre alphabétique – de Christine Albanel (lichen parasitaire), Michel Barnier (pécheur européen), Daniel Cohen (économiste hollandiste), Jean-Louis Étienne (explorateur en eaux froides), Paul Jorion (comique troupier), Brice Lalonde (sous-secrétaire biodégradé), Maurice Lévy (publicitaire rémunéré), Matthieu Ricard (moine bouddhiste) et bien sûr l’inévitable Jeffrey Sachs (moraliste malthusien) [2]. Bref, une véritable dream team propre à enthousiasmer tout ce que notre pays compte de doux rêveurs, de philosophes barbus et de victimes de l’effet Dunning-Kruger.
Cerise sur le gâteau, quand Hedwige Chevrillon suggère que l’Économie positive devrait être développée au niveau européen, notre grand Jacques lui répond – définitif – que « tant qu’il y a une dictature idéologique du libéralisme en Europe, on ne peut le faire qu’au niveau français. »
Rendez-vous, donc, le 21 septembre sur ecoplus.tv [3] pour y découvrir l’ampleur de la catastrophe.
---
[1] Il est aujourd’hui président de A&A, une société de « conseils en stratégie », et de PlaNet Finance, une « organisation de solidarité internationale ».
[2] J’avoue, en revanche, être plus surpris par la présence de Hernando de Soto (rien à voir avec le conquistador) au nombre de ces têtes chercheuses.
[3] Notez dans le menu de gauche : « Consom’action », « Human’idées » et « Volon’terre »…
Jacques Attali est le Talleyrand de notre époque, passant d'un président à l'autre avec dextérité... Il ne lui manque plus que d'être évêque pour que son CV ne soit - véritablement - complet...
RépondreSupprimerDaniel Cohen me parait tout aussi malthusien que sachs, sauf que lui n'est pas moraliste (vraiment?) mais économiste.
RépondreSupprimer