Une petite réflexion supplémentaire sur l’obsolescence programmée ; réflexion inspirée par la lecture de nombreux commentaires sur mon dernier papier à ce sujet (ici-même, sur Contrepoints mais surtout sur Causeur).
Fondamentalement, l’idée selon laquelle l’obsolescence programmée est une stratégie courante repose sur la croyance, très largement répandue en France, selon laquelle on gagne plus d’argent en étant malhonnête qu’en faisant de bons produits et en respectant ses clients.
Ça en dit long et ça explique pas mal de choses…
« It takes twenty years to build a reputation and five minutes to ruin it. If you think about that, you’ll do things differently. »
- Warren Buffet
@GN,
RépondreSupprimer"Fondamentalement, l’idée selon laquelle l’obsolescence programmée est une stratégie courante repose sur la croyance, très largement répandue en France, selon laquelle on gagne plus d’argent en étant malhonnête qu’en faisant de bons produits et en respectant ses clients."
Me rappelle ceci :
« Le vice est aussi nécessaire dans un État florissant que la faim est nécessaire pour nous obliger à manger. Il est impossible que la vertu seule rende jamais une Nation célèbre et glorieuse. » (Mandeville)
Ça en dit long et ça explique pas mal de choses…
"Friedrich Hayek, qui voyait en lui un précurseur de la théorie de l'ordre spontané, lui a consacré une étude ("Lecture on a Master Mind : Dr. Bernard Mandeville", Proceedings of the British Academy, 1966, vol. 52, p. 125-141)."
http://www.wikiberal.org/wiki/Bernard_Mandeville
La guerre des libéralismes ? Tous les français des libéraux ? Je ne sais plus !
Arjuna,
RépondreSupprimerLe vice c’est l’appât du gain. Pour gagner de l’argent, il faut produire des choses que les autres veulent bien acheter. Ce faisant, on leur rend service.
Votre boulanger ne se lève pas si tôt par générosité : il le fait pour gagner de quoi vivre. C’est l’idée de la main invisible.
@GN,
Supprimer"Le vice c’est l’appât du gain".
C'est ce que vous pensez GN ?
Faut-il comprendre que le libéralisme économique - voire le capitalisme lui-même - apparaît comme une doctrine, une "philosophie", s'interdisant de prôner la seule vertu ?
Le libéralisme pose une seule question: Dans quels cas peut-on légitimement employer la force?
SupprimerEt il donne une seule réponse: Pour protéger les personnes et leur propriété contre la violence et la fraude.
Donc lui reprocher de ne pas prôner la seule vertu, c'est hors sujet, c'est comme traiter votre médecin d'amoraliste parce qu'il ne parle que de santé et pas du vrai sens de la vraie vie.
Quant à votre fixation sur la main invisible, elle est caractéristique de votre propension à vous concentrer sur l'accessoire. La main invisible est une métaphore qui résume ce qui précède: "Votre boulanger ne se lève pas si tôt par générosité : il le fait pour gagner de quoi vivre.". GN vous expliquait simplement que par "vice", Mandeville entend la recherche de l'intérêt personnel. Si on accepte cette terminologie (contestable), c'est le vice, non la vertu, qui pousse votre boulanger à vous fournir votre pain. Ce qui n'implique pas la malhonnêteté, contrairement à ce que vous avez essayé de suggérer plus haut.
@Laura
SupprimerSi la main invisible est une métaphore elle n'est donc pas un fait. Si elle n'est pas un fait, qu'elle est donc le lieu au réel, au factuel, de toutes vos théories ?
Cordialement.
Errata,
Supprimer... le lien au réel...
OK. Reprenons. La main invisible, c'est une image, une expression pour désigner quelque chose de réel mais de plus abstrait et long à expliquer. A savoir, l'idée que dans un régime libéral, par définition, vous ne pouvez voler personne, et donc si vous voulez vous enrichir, vous ne pouvez le faire qu'en procurant aux autres ce qu'ils désirent. D'où l'harmonie entre les intérêts légitimes de chacun, et d'où l'enrichissement mutuel qui résulte de la poursuite par chacun de son propre intérêt (dans les bornes de son droit de propriété).
SupprimerA l'opposé, dans un régime où l'Etat intervient pour donner aux uns ce qu'il prend aux autres, le gain de l'un est nécessairement la perte de quelqu'un d'autre.
Oubliez la main invisible si c'est ça qui vous dérange. Cette métaphore n'est pas essentielle au libéralisme. Moi je trouve l'image mauvaise, et je ne m'en sers pas parce que c'est un aimant à trolls. Faites comme si GN s'était arrêté une phrase plus tôt, le raisonnement reviendra strictement au même.
@Laura
Supprimer"La main invisible, c'est une image, une expression pour désigner quelque chose de réel mais de plus abstrait et long à expliquer."
Une image, une expression, réelle dans votre esprit - ce que je peux tout à fait concevoir - ou un FAIT réel ?
Comprenez-moi bien. Si c'est une image ce n'est donc pas un fait. Sauf s'il s'agit d'une photo, mais alors il s'agit de la photo d'un fait. Mais alors lequel ?
S'agit-il donc, d'une chose réelle tel qu'un événement se déroulant dans le monde et ainsi identifié tel, ou s'agit-il d'une réalité en tant qu'idée, soit dans l'esprit ?
Une idée, vous en convenez, n'est pas un fait, n'est pas un événement qui se déroule dans le monde. Elle n'en a pas mois sa réalité au niveau individuelle, une existence pour celui qui la conçoit.
Une idée, une théorie, ce sont là des éléments abstraits distincts des événements concrets, matériels, et ainsi des faits se déroulant dans le monde, non ?
Penser boire un verre d'eau ce n'est pas boire un verre d'eau. De même, un rêve, ne se confond pas avec les événements du monde, des faits. Vous êtes d'accord avec ça ?
De même, produire à partir de faits ponctuelles réunis selon un certain ordre une théorie, ne fait pas de cette théorie un fait. Mais une théorie.
Donc, je me permets de réitérer :
Si la main invisible est une image, une expression, une idée ou une théorie, elle n'est donc pas un fait. Si elle n'est pas un fait, qu'elle est donc le lien au réel, au factuel, de toutes vos théories ?
Qu'en pensez-vous ?
Hmmm j'ai comme un doute. Vous ne seriez pas un peu en train d'essayer de nous faire tous tourner en bourrique?
SupprimerLe fait, je me permets de réitérer, c'est que "dans un régime libéral, par définition, vous ne pouvez voler personne, et donc si vous voulez vous enrichir, vous ne pouvez le faire qu'en procurant aux autres ce qu'ils désirent. D'où l'harmonie entre les intérêts légitimes de chacun, et d'où l'enrichissement mutuel qui résulte de la poursuite par chacun de son propre intérêt (dans les bornes de son droit de propriété)."
Vous avez quelque chose à répondre à ça, ou vous allez continuer à philosopher sur la notion de métaphore?
@Laura
Supprimer"dans un régime libéral, par définition, vous ne pouvez voler personne"
Comment est-ce possible ? La notion de vol se désintègre d'elle-même dès l'avènement de la Lumière authentiquement libérale ?
Comment se détermine concrètement ce moment extraordinaire ? Comment être sûr qu'un inconscient ne va pas tout à coup décider que son intérêt individuel est autre ? Il ne peut pas ? C'est interdit ?
Mon intérêt propre est de m'enrichir économiquement ? Quoiqu'il arrive ?
Et si des individus refusent de s'enrichir, que fait-on ? On les force ?
Toujours pas de réponse sur la main invisible comme fait ?
"Comment est-ce possible ? La notion de vol se désintègre d'elle-même dès l'avènement de la Lumière authentiquement libérale ?"
SupprimerDans une société libérale, par définition, tous les vols sont interdits. Dans une société non libérale, certains vols sont légaux, car commis par les hommes de l'Etat (taxation et réglementation), et donc inévitables. L'interdiction du crime ne met pas fin à tous les crimes, mais elle les décourage autant que possible, et elle fait au moins en sorte que justice soit rendue.
"Il ne peut pas ? C'est interdit ?"
Il peut, mais il doit s'attendre à rencontrer une résistance, car il ne peut plus voler légalement et impunément.
Supposez que les hommes de l'Etat aient le droit de tuer impunément. Si on veut mettre fin à cet état de fait, allez-vous nous dire: "Ah mais de toute façon y'aura toujours des meurtres, alors ça change rien?"
"Mon intérêt propre est de m'enrichir économiquement ? Quoiqu'il arrive ?"
Vous avez vu ça où?
Votre intérêt est de faire ce que vous choisissez de faire avec ce qui est à vous. Y compris tout distribuer aux pauvres, si ça vous amuse.
"Et si des individus refusent de s'enrichir, que fait-on ? On les force ?"
*Yawn*
Si votre boulanger n'a pas envie de s'enrichir, rien ne l'empêche d'arrêter de faire du pain et d'aller s'installer dans une caverne.
"Toujours pas de réponse sur la main invisible comme fait ?"
Vous êtes ridicule avec la main invisible, vous savez? Non, il n'y pas d'homme invisible qui manipule le marché avec ses petits doigts invisibles.
Adam Smith, après avoir analysé les mécanismes du marché, voulait dire: "Oh, vous voyez comme tout s'ajuste en permanence, et comme la recherche de l'intérêt personnel pousse chacun à servir les autres, et comme la concurrence bénéficie aux consommateurs, etc.? Quelle belle harmonie! C'est si bien réglé, on dirait que tout se passe *comme si* tout cela était guidé par une main invisible."
Depuis, l'image a fait florès. Pour le plus grand bonheur des trolls qui n'ont pas de meilleur argument contre le libéralisme que de s'en prendre à une mauvaise métaphore d'un auteur libéral quelconque.
@Laura,
SupprimerCe que veut dire votre contradicteur Laura, c'est que l'ajustement que vous alléguez, cette divine harmonie, n'est pas un fait. Ai mieux, c'est un espoir, ressemblant à une vision panthéiste du monde.
Vous êtes entrée en religion, et ce pourrait être une sorte de religion païenne à mystère ; et bientôt vous nous direz que pour avoir la foi, il faut commencer par croire.
Où sont les faits ? Il n'y en a pas.
Un penseur libéral a dit : "l'idéologie, c'est se qui pense à votre place" (Revel)
C'est la simple analyse logique des mécanismes du marché qui permet de comprendre cela.
SupprimerEt ce n'est donc pas un hasard si les pays les plus économiquement libres sont aussi ceux où le niveau de vie est le plus élevé, et où les classes sociales inférieures sont mieux loties qu'ailleurs.
"Où sont les faits ?"
Laissons répondre Mises: "Les résultats parlent d'eux-mêmes. L'économie de marché n'a pas besoin d'apologistes ni de propagandistes. Elle peut s'appliquer à elle-même les mots de l'épitaphe de Sir Christopher Wren, l'architecte de la cathédrale Saint-Paul : Si monumentum requiris, circumspice."
@Laura
SupprimerJe ne vous parle pas de l'économie de marché, mais du phénomène divin et organisateur à l'optimum miraculeux que serait la main invisible - appelez cela comme vous voudrez.
Adam Smith a été bien mal inspiré lorsqu'il a utilisé cette métaphore (même s'il ne s'est jamais appesanti dessus), et je comprends d'autant moins la propension qu'elle a à ressortir un peu partout : il n'y a rien de moins magique, de moins invisible que le fonctionnement d'une économie de marché et d'un système de prix, dont la transparence est d'ailleurs le principal attrait.
SupprimerSi l'on veut parler à des gens qui croient à une théorie de la main invisible, il faudrait plutôt s'adresser à des socialistes.
Comparez :
a) J'achète une baguette de pain que j'échange contre de l'argent chez mon boulanger. Le bien que je reçois correspond au désir que j'ai d'acquérir du pain, et son prix correspond (au moins) à la valeur que je lui attribue.
b) J'achète une baguette de pain. Une partie de l'argent que je verse à mon boulanger est mise de côté, et, à condition qu'il soit en règle avec le fisc, cette partie est transmise à l'État. À partir de là, des milliers d'agents interviennent pour faire divers usages de cet argent. Miraculeusement, je suis censé bénéficier par ce processus d'un certain nombre de services (que je n'ai jamais demandés et sur lesquels je n'ai jamais été consulté), et peut-être même que cet argent me reviendra. Qui sait. C'est magique. À ce niveau-là, ce n'est plus une main invisible qui oeuvre pour notre bien-être, mais une armée d'anges gardiens.
Et après on accuse les libéraux d'angélisme !
@Philidor:
SupprimerToute cette conversation m'évoque irrésistiblement un passage de Rothbard, que je vais m'empresser de citer:
"The fact that each man, in pursuing his own self-interest, furthers the interest of everyone else, is a conclusion of economic analysis, not an assumption on which the analysis is grounded. Many critics have accused economists of being “biased” in favor of the free-market economy. But this or any other conclusion of economics is not a bias or prejudice, but a post-judice [...]—a judgment made after inquiry, and not beforehand.*
*Is it, then, surprising that the early economists, all religious men, marveled at their epochal discovery of the harmony pervading the free market and tended to ascribe this beneficence to a “hidden hand” or divine harmony? It is easier for us to scoff at their enthusiasm than to realize that it does not detract from the validity of their analysis."
Merci au Diable probablement d'avoir pris le relais... =)
"je comprends d'autant moins la propension qu'elle a à ressortir un peu partout"
Moi je comprends. Pour s'en prendre au libéralisme, le plus simple est de s'attaquer aux formules les plus contestables dont les libéraux se soient servis, plutôt que de mettre les mains dans le cambouis de l'analyse économique, par où la forteresse libérale est imprenable. (A mon tour de métaphoriser à tire-larigot...)
A Laura,
Supprimer"mettre les mains dans le cambouis de l'analyse économique, par où la forteresse libérale est imprenable"
Pendant ce temps-là partout en Chine des poètes de sept ans versifient à l'usine à 0,20 cents de l'heure dans des costumes de chez Cifonneli.
Loin de la chaîne, dans un cul-de-basse-fosse où à chaque instant le coup de grisou menacent, des chercheurs d'absolu tracent à la mine de charbon d'interminables graphiques qu'ils burinent dans de lourdes feuilles de papier à la chaire dure et étouffante.
Ne rechignant jamais à la peine, ce prolétariat harassé de douleurs antiques, porte sur ses épaules, tel Atlas le divin, l'impérissable malheur de l'humanité souffrante.
Voilà par où tiennent les murs de l'indicible vérité libérale.
Amen.
...menace...
SupprimerEncore un philanthrope qui regrette amèrement le bon vieux temps où les Chinois crevaient de faim par dizaines de millions.
SupprimerLe capitalisme a quintuplé le salaire moyen chinois en quinze ans. Malheureusement, il partait de très bas.
@Lib,
SupprimerOui mais cinq grains de riz au lieu d'un, passant ainsi de l'insuffisance à l'insuffisance, quand dans le même temps les "buisiness angels" - ça ne s'invente pas - passent du trop plein à l'indécence.
- Dis-mois Amber t'en r'veux une de louche de caviar entre des deux paquets de fraises Tagada y - la classe américaine, le bon goût en tube de 0,25 cl ?
Que dire, que faire ? Rien, sinon lire Ayn Rand pour se fendre la gueule ; enfin tant que le fou rire ne coûte pas un Yuan.
ps : j'suis en mode cool Lib, mais après j'vous préviens c'est test de culture G préalable, pour savoir si on peut raisonnable s'engager sur les chemins ardus de la disputatio. A c'est sûr on va pas causer économie, on va aborder les sujets sérieux, Le Parménide en original...
Veux bien être sympa cinq minutes mais j'exige un niveau minimum, faut quand même pas déconner, j'soliloque à l'empyrée moi mon grand - non mais sans blague.
@GN,
RépondreSupprimerJ'avoue avoir du mal à identifier la main invisible. Je veux bien une aide.
Arjuna,
RépondreSupprimerVous mangez du pain ?
Vous aussi vous avez du mal à identifier, c'est ça ? Parce que du pain, ça, c'est sûr, vous comme moi nous en avons déjà vu.
Supprimeret le Père Noël, Arjuna, avez vous aussi du mal à l'identifier ? ou bien est-ce que tout simplement vous ne vous posez plus cette question idiote (identifier le Père Noël)
SupprimerLa "main invisible" est à la coopération économique ce que le père noël est aux cadeaux : une métaphore pour désigner l'action bien réelle d'agents réels. Rien de plus, rien de moins. Chercher à l’identifier est parfaitement vain.
J'avoue bien aimer le commentaire disant "Qu’attend-on pour interdire aux entreprises privées de faire des bénéfices. Ou mieux encore, de les obliger à faire des pertes [...]"
RépondreSupprimerUne anecdote pour ceux qui bloquent sur la main invisible.
RépondreSupprimerEn 1959, Nikita Krouchtchev fit une visite officielle aux USA. On raconte qu'en visite à San Francisco, il fut tellement impressionné par les étalages de fruits et légumes des magasins de la ville qu'il demanda à rencontrer la personne chargée d'organiser l'approvisionnement alimentaire de la ville.
Les officiels américains furent très embarrassés de ne pouvoir lui présenter personne. Personne ne s'occupait de coordonner cette tâche. Cela se faisait tout seul.