Il n’aura échappé à personne que Kim Jong-un, le cher leader nord-coréen et troisième représentant de sa lignée dynastique, fait preuve d’une agressivité redoublée ces derniers temps et n’hésite pas à aller jusqu’à menacer les États-Unis d’Amérique de faire usage de son armement nucléaire.
S’il est un point qui fait l’unanimité parmi les spécialistes, c’est qu’une attaque nord-coréenne serait un suicide pur et simple. Je n’ai, à ce jour, pas trouvé un seul commentateur qui parvienne à imaginer le bénéfice que pourraient tirer Kim Jong-un et sa junte d’une telle initiative. D’où l’adjectif le plus souvent associé aux menaces de Pyongyang : « irrationnelles ».
On ne peut, bien sûr, pas complètement écarter l’hypothèse de la folie mais le rasoir d’Ockham nous recommande plutôt de chercher dans la direction d’un objectif tout à fait rationnel :
- Le chantage : Kim Jong-un menace de mettre la région à feu et à sang et de précipiter la chute de son propre régime pour obtenir de l’aide (de la Chine). Dans l’état actuel des choses, l’Empire du Milieu ne souhaite pas la disparition du régime nord-coréen et pourrait donc acheter le calme de son protégé (lire Guy Sorman).
- Le suicide : Kim Jong-un cherche lui-même à mettre fin à son propre régime. Implicitement : il n’est pas complètement maître de la situation en interne et pousse sa propre armée – i.e. ses généraux – à commettre une erreur qui devrait leur être fatale.
- Le complot : la Corée du nord serait en réalité un « ennemi utile » pour les États-Unis et leur permettrait de justifier leur présence militaire en Asie. Les bravades de Pyongyang ne seraient qu’une comédie plus ou moins orchestrée avec l’accord ou la complicité de Washington.
- Le chiffon rouge : si les États-Unis subventionnent la défense sud-coréenne, c’est essentiellement pour maintenir un semblant de stabilité dans la région. Le régime nord-coréen cherche à leur faire comprendre que l’effet obtenu est exactement inverse.
- 1984, « la guerre, c’est la paix ». Le maintien de cet état de guerre permanent est une méthode de gestion interne de la dictature : comme dans le roman d’Orwell, cette menace de guerre fictive permet de maintenir la population sous contrôle.
- Autre chose ?
Sans être un fin connaisseur du sujet, j’ai tendance à exclure les thèses du complot et du suicide et j’ai le vague sentiment que l’attitude de Kim Jong-un est une combinaison des trois autres.
Bonjour,
RépondreSupprimerVous êtes un financier exceptionnel par la clarté et la profondeur de vos analyses mais il vous manque le Machiavelisme nécessaire à la géopolitique...
La situation en Corée du Nord est totalement anormale au sens historique du terme.
Il faut, à mon sens, raisonner au 1er degré et effectivement considérer que l'intention réelle et concrète de la Corée du Nord est d'entrer en guerre.
L'attaque surprise devrait être déclenchée entre le 11 et le 13 avril avec l'objectif de rentrer dans Séoul le 15 avril (jour anniversaire dans le régime).
Cette guerre se fera car elle est souhaitée par l'Armée US et par l'Armée Chinoise; pas forcément par les politiques de ces pays (même à contrario des politiques).
L'Armée US digère très mal, mais alors très mal, les coupes budgétaires du Congrès depuis la fin 2012.
Avec la tournure de la crise aux USA, les impératifs de coupes budgétaires vont impacter de plus en plus fortement l'Armée et mettre en péril tout son fonctionnement qui est plus 'château de cartes' que l'on ne le pense.
Donc, cette guerre est nécessaire pour remettre en selle les budgets militaires US et la nécessité d'une Armée 'forte'.
Pour la Chine, le problème est différent.
Le gouvernement communiste chinois est incapable de gérer correctement la crise mondiale.
Il devient de plus en plus délicat de cacher cela à la face du monde et au peuple chinois
Cela doit 'inquiéter' passablement l'Armée Chinoise qui pense que la meilleure chose à terme pour un tel pays est de remplacer la dictature du PC par une dictature militaire.
Donc, la guerre de Corée est souhaitée, non pas pour un affontement contre l'Armée US mais comme tremplin pour un push militaire.
C'est ma théorie; et il probable que vous ne la trouverez pas dans le commerce des médias et autres 'experts en stratégie' qui ne pigent pas la situation actuelle.
Le 1er degré, cher ami, et tout devient si simple.
Cordialement.
Titanium
Titanium,
RépondreSupprimerQue vous dire sinon que j’espère que vous vous trompez ?
Oui, j'espère aussi me tromper lourdement car sinon les conséquences seraient 'hyper graves' selon la terminologie de notre jeunesse.
RépondreSupprimerEtant plutôt logique de formation (ingénieur)et d'esprit, sous l'aspect logique politique pure, le comportement Nord Coréen est inepte et inexplicable (comme vous le soulignez si bien dans votre post); sauf à le considérer au 1er degré.
De plus, j'ai le sentiment, l'intuition, que des points de non-retour ont été franchis par le régime Nord Coréen.
Ceci étant, je ne crois pas à un embrasement de cette guerre (si guerre il y a) entre la Chine et les USA.
L'aspect 'atomique' de la guerre fait froid dans le dos mais il est très probable que l'arme atomique ne peut être portée sur le sol américain, enfin je l'espère.