La démocratie, au risque de pêcher par naïveté rousseauiste, c’est un système de gouvernement dans lequel ce sont les citoyens, assemblés sur l’agora de la cité ou ce qui en tient lieu, qui décident des lois de la cité. Les pouvoirs exécutifs et judiciaires sont des exécutants ; ce qui importe en démocratie, dans un État de droit, c’est le pouvoir législatif. C’est là et nulle part ailleurs que réside la souveraineté du corps des citoyens.
Naturellement, à mesure que la population de la cité augmente, il devient impossible de réunir l’ensemble des citoyens : on fait alors appel à des représentants qui, comme leur nom le suggère, sont désignés par les citoyens pour les représenter. Mon représentant n’est pas mon chef, ce n’est pas mon dirigeant ; c’est celui à qui je donne mandat pour me représenter à l’Assemblé nationale, pour y défendre mes idées.
Or voilà, ma représentante à moi, la députée de la 5ème circonscription des Bouches-du-Rhône, c’est Madame Marie-Arlette Carlotti [1] et ça, voyez vous, ça me pose un gros problème.
Le fait que Mme Carlotti soit ma représentante me pose un problème parce que je ne partage, pour autant que je puisse en juger, à peu près aucune de ses opinions. Entendons nous bien : Mme Carlotti est sans doute une dame très bien, pétrie de bonnes intentions et convaincue du bien-fondé des politiques gouvernementales. Elle a ses opinions – c’est son droit le plus strict – et j’ai les miennes : le fait est qu’elles sont radicalement différentes pour ne pas dire opposées [2].
Dès lors, je vous pose la question : comment cette dame pourrait-elle être ma représentante ?
Même à supposer que Mme Carlotti prenne son rôle de représentante très à cœur, elle reste avant tout (pseudo-) socialiste, elle défend l’idée d’une société organisée par le haut, d’un État fort et interventionniste ; c'est-à-dire qu’elle défend très précisément les positions que j’ai en horreur. Elle ne peut me représenter que si et seulement si elle renie en bloc l’essentiel de ses convictions ; c'est-à-dire qu’elle ne peut me représenter que si elle cesse de représenter les quelques 52% des électeurs de notre circonscription qui ont voté pour elle (à supposer, naturellement, que ces derniers soient réellement en phase avec les opinions défendues par Mme Carlotti).
Le fait est là, imparable : je n’ai aucun représentant à l’Assemblée nationale. Je ne suis plus – et, à vrai dire, je n’ai jamais été – un citoyen de ce pays ; je suis un sujet ; au mieux le sujet d’une majorité à laquelle je suis étranger, au pire, celui d’une nouvelle aristocratie, celle des hauts-fonctionnaires et des hommes de loi.
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[1] Elle est aussi conseillère générale du département des Bouches-du-Rhône, conseillère régionale de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur et – accessoirement – ministre déléguée en charge des personnes handicapées.
[2] Je précise ici que je n’ai pas plus d’affinités avec Renaud Muselier, son adversaire du mois de juin dernier.
pas grave, que tu sois d'accord ou pas, faut payer l'impot, et obéir aux lois, Citoyen !
RépondreSupprimerUn jour nous, les français encore attachés à la Liberté et à l'Egalité en droit, serons audibles. Votre blog et vos articles y contribuent. Un jour nous serons représentés. Courage !
RépondreSupprimerLe disours de Marie-Arlette Carlotti, dont vous donnez le lien, est édifiant :
- beaucoup de références à la France, à l'Etat, aux collectivités. Pas de références aux Français
- et une conclusion en apothéose : mettre la pauvreté au coeur du discours, du disours et du disours.
Trop de gens payés à faire des disours dans ce pays. Il y aurait moins de pauvreté en France si l'Etat ne ponctionnait autant de ressources pour financer ces colloques et ces fonctionnaires pleins de discours.
"les quelques 52% des électeurs"
RépondreSupprimerAvec 30-40 % d'abstentions, ce chiffre descend donc à grosse trentaine de pour cents du corps électoral. La minorité impose ses choix à la majorité qui refuse sa politique ou refuse de participer à cette farce qu'est la démocratie. Elle n'a donc aucune légitimité à se dire représentante.
Elle aurait 99,99 % des voix elle n'aurait pas plus de légitimité d'ailleurs car la minorité, aussi infime soit-elle, serait persécutée.
Ce constat est le résultat du mode de scrutin,
RépondreSupprimerle scrutin proportionnel plurinominal donnerait une image plus juste des citoyens français.