L’Observatoire des inégalités a publié récemment un palmarès des villes françaises les plus inégalitaires où on apprend – entre autres – que Neuilly-sur-Seine est la grande ville [1] la plus affreusement inégalitaire de France tandis que Saint-Nazaire est un petit paradis égalitariste.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, quelques petites précisions s’imposent. Les « revenus » dont il est question dans cette étude ce sont les revenus fiscaux des ménages par unité de consommation en 2009 et selon l’Insee [2]. C'est-à-dire l’ensemble des revenus perçus par une famille (salaires, allocations chômage, pensions, retraites, bénéfices et autres revenus du patrimoine) avant impôt et avant prestations sociales divisé par le nombre d’« unités de consommation » qui composent ce ménage [3]. Dès lors, amis lecteurs, vous imaginez bien que (i) notre fiscalité redistributive modifie considérablement ces résultats (en imposant les riches neuilléens pour mieux redistribuer aux pauvres nazairiens) et que (ii) la composition des ménages d’une ville à l’autre a une influence non-négligeable sur les résultats.
L’Observatoire des inégalités nous propose deux mesures des inégalités de revenus : le coefficient de Gini et rapport des premier et neuvièmes déciles de revenus. Pour ceux qui ne sont pas habitués à ces petites choses, le coefficient de Gini varie entre 0 et 1 ; 0 signifiant que l’égalité des revenus est parfaite (tous le monde gagne la même chose) et 1 signifiant qu’un seul et unique ménage perçoit tous les revenus. Le rapport inter-décile (ici entre le premier décile et le neuvième) mesure le revenu minimum des 10 % des individus les plus riches (pour simplifier la lecture de ce qui suit nous allons appeler ça le « revenu haut ») en multiples du revenu maximum des 10 % des individus les plus pauvres (i.e. le « revenu bas ») ; par exemple, un rapport inter-décile de 5,6 signifie que le revenu haut est 5,6 fois plus élevé que le revenu bas [4].
Quelques soit la mesure, deux villes – Neuilly-sur-Seine et Paris – apparaissent comme étant les plus inégalitaires de France et deux villes – Saint-Nazaire et Cholet – ressortent comme profondément égalitaires. En revanche, le cas de Roubaix est assez atypique : si l’on se base sur le coefficient de Gini, c’est une des dix villes les plus inégalitaires de France mais sur la base du rapport inter-décile, c’est – au contraire – une des dix villes les plus égalitaires de France ; cette étrangeté est due au fait que, d’après l’Insee, 10% de la population roubaisienne gagnerait moins de 10 euros par mois avant redistribution (...).
Voici un rapide résumé des données pour ces cinq villes auquel je rajoute le revenu médian (en euros) :
Gini | Rapport | R med | |
Neuilly | 0.517 | 10.7 | 3 656 |
Paris | 0.490 | 11.4 | 2 052 |
Cholet | 0.353 | 4.9 | 1 457 |
Saint-Nazaire | 0.330 | 5.2 | 1 448 |
Roubaix | 0.476 | 210.9 | 786 |
Graphiquement, un résumé de la distribution des revenus (premier décile, médiane et dernier décile, en euros) :
(Cliquez pour une meilleure définition)
Je vous laisse conclure…
---[1] L’étude se concentre sur les 100 plus grandes villes en termes de nombre de ménages fiscaux (et pas en terme de population comme ils le précisent en bas de l’article).
[2] La base de donnée utilisée par L’Observatoire des inégalités est disponible gratuitement sur le site de l’Insee.
[3] L’Insee utilise l’échelle dite de l’OCDE : le premier adulte du ménage compte pour 1 UC, les autres personnes âgées de plus de 14 ans comptent pour 0,5 US et les enfants de moins de 14 ans comptent pour 0,3 UC.
J'en conclus, comme Maggie, que les socialistes préféreraient que les pauvres soient plus pauvres, dès lors que les riches seraient moins riches.
RépondreSupprimerhttp://journal-libertas.blogspot.com/2010/08/daily-thatcher-2.html