La mondialisation créée des emplois

Début 2010, la fermeture de l’usine Continental de Clairoix (Oise) laisse 1 113 salariés sur le carreau. Depuis près d’un an, la lutte des « contis » était devenue le symbole du combat désespéré de tout ceux et celles qui cherchent à protéger leurs emplois menacés de délocalisation. La fermeture de l’usine Continental de Clairoix était un cas d’école, un exemple parfait où les méfaits de la mondialisation le disputaient aux ravages de la désindustrialisation. Pourtant cette histoire relève pour l’essentiel du biais cognitif.

Comprenons nous bien : il n’est pas question ici de minimiser la douleur de plus de mille « contis » confrontés à la perte de leur emploi. Bien au contraire, n’importe quel être humain doué d’un minimum d’empathie mesure le drame personnel que représente la perte d’un travail et ce, particulièrement dans un pays où les politiques de l’emploi successives ne sont parvenues à rien d’autres qu’à mieux enraciner un chômage désormais structurel. Mille drames personnels ça se voit, ça n’amuse personne et ça fait rapidement la une des journaux.

Et voilà justement le biais : la même année, selon les chiffres de l’Agence française pour les investissements internationaux (AFII), les entreprises étrangères ont créé 25 403 emplois en France et on permit d’en sauvegarder 6 412 en reprenant des sociétés françaises en difficultés [1]. Création de filiales ex-nihilo, extension de filiale existante et reprise d’entreprises françaises en difficulté ; de 2000 à 2010, la même mondialisation qui a privé les « contis » de leur travail a créé ou sauvé en moyenne 30 816 emplois par an. Et de cela, vous n’en avez vraisemblablement jamais entendu parler.

Vous n’avez pas entendu parler d’Enercon GmbH, une société allemande qui vient de poser la première pierre de sa nouvelle usine de mâts d’éoliennes dans la commune de Longueil-Sainte-Marie (Oise) et s’apprête à embaucher 90 salariés d’ici l’été 2012. Vous n’avez pas entendu parler de Magna International, équipementier automobile canadien, qui investit 18 millions d’euros supplémentaires sur son site Henriville (Lorraine) et s’apprête à embaucher 75 personnes de plus. Et vous n’avez pas entendu parler de Weichai Power, fabricant chinois de moteurs diesels et de boîtes de vitesse pour camions, qui sauve 40 emplois en rachetant Famer Paca à Cassis (Bouches-du-Rhône) et s’apprête à en créer 50 autres en y développant un centre de recherche et développement. Pour la seule année 2010, l’AFII recense ainsi 782 projets créateurs d’emplois initiés par des entreprises étrangères.

Vous n’avez pas entendu parler de ces créations d’emplois parce que ce sont de petits projets, une myriade de petits investissements qui, pris individuellement, semblent anecdotiques mais qui, collectivement, représentent 28 usines Continental de Clairoix par an. Selon les données d’Ernst & Young [2], la France reste malgré tout le deuxième marché européen le plus attractif en matière d’investissements étrangers derrière le Royaume Uni. Fin 2008, l’Insee recensait près de 20 000 filiales de groupes étrangers installées en France pour un total de plus de 2 millions d’emplois. D’ailleurs, il ne vous aura sans doute pas échappé que Continental AG est justement une entreprises allemande et que les emplois qu’elle avait créé à Clairoix étaient précisément une conséquence directe de la mondialisation.

Alors oui, bien sûr, certaines industries comme le textile ou l’électroménager ont considérablement délocalisé leur production vers des pays à bas salaires mais ce phénomène n’est qu’une partie de la réalité, celle qui est visible et a l’immense avantage d’être facile à vendre à l’opinion publique. Mais la mondialisation permet aussi à des entreprises étrangères de venir s’installer en France soit pour y trouver des compétences dont elles ne disposent pas chez elles – l’exemple du bureau de recherche et développement de Weichai Power – soit pour accéder au marché français et européen – comme d’Enercon GmbH.

La mondialisation c’est aussi le phénomène qui a permis la baisse spectaculaire des prix des produits textiles et des appareils électroniques (pour ne citer que ces exemples) que nous avons connu ces dernières décennies, les gains en termes de pouvoir d’achat et l’augmentation de la taille des marchés qui en ont résulté et donc, la création de nouveaux emplois. Il est extrêmement difficile d’établir un bilan précis de la création nette d’emplois liés à la mondialisation mais il est plus que probable que ce bilan est positif et pas qu’un peu.

A l’heure où tant de nos concitoyens se laissent séduire par le discours simpliste et réducteurs de quelques politiciens qui veulent revenir aux erreurs protectionnistes du début du XXème siècle, il est peut être aussi utile de rappeler cette prédiction que l’on prête à Frédéric Bastiat : « si les marchandises ne traversent pas les frontières, les soldats le feront ».

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[1] Agence française pour les investissements internationaux, Bilan 2010.
[2] Ernst & Young, Baromètre Attractivité du site France 2010.

21 commentaires:

  1. Je vous site : D’ailleurs, il ne vous aura sans doute pas échappé que Continental AG est justement une entreprises allemande et que les emplois qu’elle avait créé à Clairoix étaient précisément une conséquence directe de la mondialisation.

    Je corrige un peut vos propos. En effet, Continental AG n'a pas créé l'usine de Clairoix qui fut : Englebert, puis Uniroyal, puis Continental.
    Continental AG étant un spécialiste du rachat d'usine avec les marques qui vont bien, puis fermetures des sites en questions.

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  2. Dogmatisme qui confine à l'amour de la chute vertigineuse et de l'écrasement répété et à toute vitesse contre un mur. Le libéralisme ou comment faire de la moto sans casque sur une route non sécurisée, non damée, sans code de la route, sans permis de conduire et sans forces de l'odre - non spontanée - puisse qu'il n'y a plus de lois à faire appliquer. C'est un bonheur de vous voir prendre de la vitesse ; au moins l'on ri avec vous. Cela étant je ne suis pas sûr que les gars qui sont au chômedu aujourd'hui grâce à la mondialisation heureuse, rient à la lecture de vos grands dessins libéraux tracés dans le ciel. Mais ils ont probablement tort, ils ont eu du bol de se faire virer ; car ils ont le temps désormais, grâce à l'ARE, d'acheter des chaussures pas cher produites par des gosses de huit ans qui eux, au moins, ne sont pas syndiqués à la CGT et son enthousiastes à l'idée de bosser douze heures par jour. Dans quel monde vivez-vous ?

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  3. Benjamin Franklin12/07/2011 11:47

    L'exemple de la circulation routière est intéressant mais à côté de la plaque.
    Il y a un code de la route libéral, c'est celui qui est écrit par les usagers. Vous êtes libre de ne pas respecter le code, mais dans ce cas vous ne montez pas sur la route.
    Les gens qui sont au chômedu aujourd'hui en veulent clairement à leur patron qui a mal géré, et peuvent s'en prendre aussi à eux-mêmes, pour avoir fabriqué des produits dont plus personne ne voulait. Mais rassurez vous, ils seront heureux d'être embauché dans les usines que les Japonais et les Chinois construisent en France pour fabriquer des produits dont les gens veulent.
    Les Français sont assez contents dans leur ensemble de ne plus avoir à raquer des sommes folles pour s'acheter un lave-linge, un micro-onde, une chemise ou un ordinateur.
    Et je crois même que les gosses de huit ans sont assez heureux de travailler dans un sweatshop pour l'instant. Avant que le libéralisme n'arrive chez eux, ils mendiaient ou se prostituaient. Juste une question : quelqu'un vous interdit d'envoyer de l'argent à ces gosses ou de financer des associations pour eux ?

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  4. C'est une parfaite illustration de l’ambiguïté du discours économique.

    En traitant de grande masse, il ne permet pas à l'individu lambda d'y retrouver une illustration positive pour son cas personnel et après "on" s'étonne qu'il cède aux sirènes de "démondialistes".

    Le parallèle proposé est de plus extrêmement hardi puisque le plan social de Continental est aussi (mais pas que) une conséquence du rachat de cette société par le groupe Schaeffler qui s'est rudement endetté pour ce faire, sans que "le marché" puisse avoir une seule certitude sur la valeur final de l'ensemble ainsi créée. Actuellement c'est plutôt tangent, le niveau d'endettement du groupe et de sa filiale Continental est lourd.

    La fermeture d'une usine, c'est aussi un bassin d'emploi géographique qui se trouve sinistré. Il ne serait pas inutile d'un point de vue économique d'observer les résultats de la course au "big is beautiful" dont "le marché" est si friand par principe (souvent pour de mauvaises raisons dont celle consistant à cyniquement faire valoir qu'un endettement énorme permet de renverser le rapport de force entre prêteur et emprunteur).

    Ce mythe du big is beautiful fait des ravages dans les secteurs qui sont arrivés à maturités, où l'offre produit n'est plus innovante qu'à la marge et par petite touche. D'un point de vue économique et social, il vaudrait beaucoup mieux laisser vivre une myriade de PME qui se tirent entre elle la bourre plutôt de laisser les banquiers et financiers leur suggérer qu'elles peuvent défaire leur concurrentes non par l'excellence de leurs pratiques mais par la puissance de leur finances (ce qui est aussi une réalité...hélas).

    Prenons L'Oréal par exemple ou P&G: les trois quarts des sociétés qui ont été rachetées par ces mastodontes ont soit souffert du rachat (cf Body Shop et Herbal essence) soit ont disparues ou été revendues à la sauvette. Ces deux sociétés ont contribué largement à mettre par terre le marché du soin personnel en faisant en sorte que les produits soient de plus en plus formatés.

    Dans un marché en pleine croissance comme celui de l'informatique et de la robotique, pour le coup le rachat de société fait sens car souvent il est l'occasion de synergies par la mise en commun de brevets et des équipes de R&D.

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  5. @Franklin,

    "Avant que le libéralisme n'arrive chez eux, ils mendiaient ou se prostituaient."

    Avant le libéralisme les peuples mendiaient ou se prostituaient, c'est donc cela. Et il y a 8000 ans que les peuples mendient et se prostituent. Et tout à coup, la lumière, le libéralisme économique. Ce que vous dites est grossier, faux, insultant, et fait état d'une inculture crasse dans le domaine considéré. Vous devriez également nous proposer une juste définition de la prostitution et de la mendicité, pour que nous vérifions à la lumière de celles-ci, si l'économie libérale ne mènent pas, par hasard, à ce genre de pratiques - personnes physiques et morales confondues.Vous vivez vraiment à côté de la vie et du monde. Réveillez-vous, sortez de vos bouquins d'économie et de vos listes statistiques ; allez faire un tour dans les bassins d'emploi sinistrés, pour livrer aux chômeurs de longue durée votre bonne parole. Tout cela est absolument consternant. Les pauvres, les précaires, sont des salauds et des feignants, qu'ils partent en Chine.

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  6. Cher Georges Kaplan,

    N'ayant pas l'abonnement nécessaire pour vous prêter main forte sur Causeur.fr où les antilibéraux se déchaînent, je me suis rabattu sur votre blog.

    Comme il me paraît vain d'essayer de convaincre des personnes qui, manifestement, ont été biberonnées au solidarisme socialiste, je me contenterai de décrypter leur discours :

    1. Mettre en exergue un exemple dramatique de chômage, de misère ou de désespoir, un "fait de misère". (Je pense à la lutte des Contis, ou à l'énième délocalisation qui fait l'objet d'un flash sur France Info, pour aller vite.)

    2. Constater qu'une telle situation provient des décisions d'entités telles que "multinationales", "CAC-40", "capitalistes", "patrons".

    3. Opérer un glissement sémantique d'assez mauvaise foi en attribuant donc le "fait de misère" au libéralisme économique, ce qui constitue une définition extrêmement restrictive de cette expression.

    4. Procéder à une extrapolation qui ferait bondir n'importe quel logicien un peu sérieux, en affirmant explicitement ou implicitement que la seule et unique conséquence du libéralisme économique est le "fait de misère" et ses semblables.

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  7. Benjamin Franklin12/07/2011 13:40

    @Anonyme
    Si ça peut vous rassurer, j'ai servi la soupe à des clochards pendant plusieurs mois de ma vie. J'ai passé les dix-sept premières années de ma vie pas loin d'une friche industrielle, et ma famille s'investit depuis des années dans des oeuvres caritatives.
    J'ai eu le luxe de voyager en Chine récemment. J'ai pu constater de mes yeux que depuis trente ans des centaines de millions de Chinois sont sortis de la misère totale. De même que des centaines de millions d'Indiens, d'Indonésiens, de Coréens, etc. Même les Africains commencent à s'en sortir depuis une décennie.
    Bizaremment, j'ai l'audace de croire que tout ça, c'est grâce à la mondialisation et au libéralisme.
    La première étape du libéralisme, c'est la création d'un Etat de droit, qui assure le respect des libertés individuelles, avec un système judiciaire sain.
    Les pauvres et les précaires ne sont pas des salauds ni des feignants, bien au contraire.
    Les salauds, ce sont les bureaucrates corrompus de mèche avec les dirigeants des grosses firmes. Si les grosses firmes peuvent se permettre d'être aussi nuisibles, c'est uniquement parce que les gouvernements corrompus leur permettent, en empêchant la base d'exercer son libre arbitre.
    J'ai bien l'intention d'aller dans les bassins d'emploi sinistrés. J'irai expliquer aux chômeurs qu'un smicard touche 18000€ de retraite avec la sécu monopolistique actuelle, et qu'il toucherait 35000€ s'il cotisait -seul- à une mutuelle qui place son argent à 4% . J'irai leur expliquer que s'ils veulent utiliser leur prime de licenciement pour créer une entreprise, voire racheter la leur et la gérer en autogestion, l'Etat leur bouffera 60% de leurs revenus pour les petits fours du ministère. J'irai leur expliquer que s'ils veulent une éducation de qualité pour leurs enfants, ça va pas être possible parce que le gouvernement a imposé un programme pourri, et que s'ils veulent une école privée l'Etat ne leur remboursera pas la part de leurs impôts (45% de leurs revenus, même smicards, via la tva et les cotisations) qui part à l'EdNat.

    On va le répéter encore une fois : le libéralisme promeut la libre association et le libre arbitre. Si vous voulez fonder une association caritative vous pouvez. Si vous voulez boycottez les entreprises qui exploitent les gosses de 8 ans vous pouvez. Il y a suffisamment de gens de bonne volonté sur Terre pour que ça marche.

    Je reste néanmoins ouvert à toute argumentation

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  8. Hohenfels,
    Je suis, mon cher ami, très heureux de vous accueillir parmi nous ;)

    Benjamin Franklin,
    Je suis tombé, l'autre soir encore, sur une jeune femme - charmante par ailleurs - qui m'expliquait que DSK était un grand libéral. Grand moment de solitude.

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  9. @ Benjamin Franklin

    Votre rôle de prophète de la liberté en friche industrielle, avec toute votre verve, vous va à ravir ! :-)

    Pourriez-vous partager vos sources sur la différence entre retraites par capitalisation et retraites par répartition s'agissant des smicards ? Ce sujet m'intéresse beaucoup. Merci !

    @ Georges Kaplan : oui, DSK est un "libéral". Dit-on...

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  10. Benjamin Franklin12/07/2011 16:01

    @Georges
    Le plus navrant c'est que tous ces braves gens ont souvent les meilleures intentions du monde, ils ont juste une définition du libéralisme complètement déformée.

    @Hohenfels
    Juste ciel, vous me prenez un peu de court, je n'avais pas noté la source...
    Cela dit, on doit pouvoir retrouver ces chiffres avec quelques calculs.
    Le smic superbrut en France est de 2100€ mensuel (http://www.24hgold.com/francais/contributor.aspx?article=2658259298G10020&contributor=Georges+Lane)
    Avec un peu de maths, on calcule que si vous épargnez chaque année une somme M à 4%, après 42 années de cotisations vous avez obtenu la somme M x 104 (environ).
    Le taux de cotisation retraite minimal réel est assez difficile à trouver. Je trouve des chiffres entre 14 et 16% du superbrut. Mettons que ce taux corresponde à la part des retraites dans le PIB (13.5%) ce qui est une hypothèse basse.
    On obtient une épargne d'un peu plus de 350 000€ lors de la liquidation. Les seuls intérêts (toujours à 4%) rapportent déjà 14 000€ par an, à quoi on ajoute la liquidation progressive du capital accumulé.

    Tous ces calculs supposent bien sûr une inflation nulle et un smic constant.
    Sachant que le smic s'apprécie plus vite que l'inflation, et que le taux d'épargne réel est probablement plus proche de 16% voire plus que de de 13.5%, le résultat réel est sans doute plus favorable encore au retraité.

    Georges, vous avez peut-être plus de détails ?

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  11. @ Hohenfels

    Le raisonnement, la logique, les faits, ils n'en ont cure, l'important pour eux c'est le ressenti. Que les délocalisations représentent moins de 0,01% d'emplois "perdus" par an en Europe n'affecte pas leur "raisonnement".

    Alors leur parler d'économie, même des bases les plus simples, comme par exemple leur expliquer que produire pour 30€ ce qui avant en coutait 50€ permet tout à la fois du jouir du même bien qu'avant mais en plus de dépenser ou investir 20€ de plus dans autre chose, il ne faut même pas y penser.

    L'illettrisme économique fait des ravages, et les politiciens ne font que repondrent à cette demande, quitte à exposer eux aussi leur illettrisme économique au grand jour.

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  12. @ Benjamin Franklin

    Merci pour les indications. J'ai essayé de faire le même calcul sur Excel. Je ne sais pas ce que touche un retraité qui a été smicard toute sa vie. En tout cas, avec des hypothèses proches des vôtres, son épargne s'éteint en 10-15 ans max, ce qui invite tout de même à réfléchir.

    @ Mateo

    Oui, en la matière le simplisme domine les médias, le discours politique et celui du café du commerce, hélas...

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  13. Benjamin Franklin12/07/2011 18:58

    @Hohenfels
    En affinant les calculs avec les hypothèses suivantes : 4% de taux d'intérêt à 40 ans, smic superbrut à 2100€ mensuels, 42 années d'épargne, j'arrive à :
    - 23 500€ annuel de rente avec un taux d'épargne de 13.5 % du superbrut
    - 35 000€ avec un taux d'épargne un peu inférieur à 20%
    La retraite moyenne en France était de 1065€ mensuel en 2008, proche du smic net. Sachant qu'un retraité a toujours besoin d'une couverture maladie, il faut considérer plutôt la "superpension", soit en gardant la comparaison avec le smic, 25 200 - 13.5% (smic annuel superbrut - cotisation retraite) soit un peu moins de 22 000 € annuel

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  14. Benjamin Franklin12/07/2011 19:05

    J'ai pris en compte dans les calculs le fait que l'épargne non encore consommée continue de rapporter des intérêts. Le taux d'intérêt à 4% semble plutôt conservateur y compris en tenant compte de l'inflation (les emprunts à 40 ans sont à 4.9% en France au moins, les emprunts d'Etat à 20 ans sont déjà à 3.34%)

    Bien sûr, ces calculs (plus ou moins bancal) n'ont pas de sens en soit. Comme vous le dites, cela invite à réfléchir : la solidarité sur les retraites est tout à fait souhaitable, du moment que les épargnants puissent gérer eux-mêmes leur "chèque retraite" via des mutuelles libres en concurrence.
    Le principal intérêt de ce calcul est de montrer que, même dans le pire des cas (hypothèses de calcul pessimistes, pas de redistribution, grand méchant Marché implacable et cupide), même (surtout!) les plus pauvres et les plus vulnérables s'en sortiraient au moins aussi bien dans un régime par capitalisation (méchamment libéral quoi) que par répartition

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  15. Benjamin Franklin12/07/2011 19:07

    J'oubliais de préciser : les calculs se font avec une durée de retraite (optimiste pour un smicard) de 23 ans (retraite à 57 ans + espérance de vie à 80)

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  16. Et je crois même que les gosses de huit ans sont assez heureux de travailler dans un sweatshop pour l'instant. Avant que le libéralisme n'arrive chez eux, ils mendiaient ou se prostituaient. Juste une question : quelqu'un vous interdit d'envoyer de l'argent à ces gosses ou de financer des associations pour eux ?

    Non quand même c'est pousser Mamie dans les orties et en plus ce n'est pas évident du tout. Il se trouve que certaines personnes vont préférer se prostituer que de bosser à la chaine quand pour d'autre ce sera un calvaire. De plus dans les sweatshops les abus physiques sont nombreux et les enfants peuvent se faire virer à tout moment et retourner à la mendicité.

    Franchement, pour avoir lu vos précédents commentaires, vous devriez effacer celui là. Il vous couronne de la tiare de l'ultra libéralisme cynique car relativiste en permanence...

    Se réjouir de la possibilité du choix entre deux maux n'est certainement pas un idéal, ni marxiste, ni libéral...ou alors j'ai mal suivi

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  17. Benjamin Franklin13/07/2011 09:59

    @Anonyme
    Rassurez vous, cette tirade exagérée était destinée à faire pièce à une autre attaque tout aussi exagérée de la part d'un autre anonyme.
    Je pense évidemment que les enfants, étant bien plus vulnérables que les adultes et en tous cas bien moins aptes à se défendre eux-mêmes (en se syndiquant ou autrement), ont besoin d'une protection légale.

    Cependant, je ne pense pas qu'il soit nécessaire d'effacer ce commentaire. Je m'explique : malgré toute la bienveillance possible, nous vivons dans le monde réel. Je suis suffisamment altruiste pour pouvoir exiger d'acheter une chemise fabriquée par un adulte plutôt que par un enfant, quitte à l'acheter plus cher. Mais c'est là que le bât blesse : je l'achète plus cher, c'est parce qu'en tant qu'Occidental riche, j'en ai les moyens. Mais il y a et surtout il y a eu bien des cas de figure ou même les gens bienveillants n'en avaient pas les moyens.
    Par exemple, quand Jules Ferry a instauré l'école primaire obligatoire et gratuite, interdisant de fait le travail des enfants, il n'a pu se permettre de le faire que parce que le progrès technique permettait désormais qu'une famille paysanne puisse se passer du travail des enfants sans risquer la famine (et encore, les vacances d'été ont été créées initialement pour permettre aux enfants de participer aux récoltes). Ce n'est pas nécessairement un problème d'inégale répartition des richesses, mais juste de prospérité globale de la société : au Moyen Age la situation était pire encore, mais même les nobles, tout dominants qu'ils étaient alors, n'en avaient pas moins une espérance de vie de moins de 30 ans.
    Que la courbe de solidarité suive de près la courbe de richesse, nous sommes parfaitement d'accord. Mais parce que la misère noire se partage difficilement, il est nécessaire que la première courbe soit celle de la richesse. Souvenons nous que la France avait ses propres sweatshops il y a moins d'un siècle.
    Si aujourd'hui je peux demander que ma chemise fabriquée en Chine soit faite par un adulte, c'est parce que 1) je suis assez riche 2) la Chine est assez bien insérée dans la mondialisation 3) la société civile et les moyens de communication sont assez performants pour s'assurer que le surcroît de prix serve bien à rémunérer un adulte.
    Dans le cas de la Corée du Nord, aussi pénible que soit ce constat, dans un souci humaniste, oui, je crois qu'il est préférable à un gamin de 8 ans de Corée du Nord de survivre dans un sweatshop plutôt que de crever de faim dans les rues de Pyongyang.

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  18. Benjamin

    L'espérance de vie est une statistique qui ne veut pas dire grand chose dans la mesure où la mortalité infantile était très élevée avant l'arrivée de la médecine moderne. Je ne suis pas certains que les nobles vivaient aussi longtemps que les paysans. En temps de paix, je gage que ceux ayant survécus à la petite enfance vivaient bien plus longtemps que leurs serfs. Mais bon comme partir guerroyer étaient leurs devoirs, voire leur but de vie, on peut penser que toute chose égale par ailleurs, ils décédaient en moyenne tout aussi jeunes que les paysans...Mais ce qui est intéressant c'est que partir en guerre étaient un choix conscient quand être attaché à une terre pour le serf était un sort. Enfin bref, tout ça pour dire que l'on compare pommes et poires ce qui n'est pas très intéressant.

    Ce qui l'est plus et je pense que vous en conviendrez :
    *La société féodale était une société de caste et par ce travers bloquait l'expansion humaine en bridant les talents individuels.
    *Jules Ferry avait en face de lui des adversaires farouches qui dénonçaient l'interventionnisme étatique risquant de mettre à bas les fondements de la richesse économique. Un ultra-libéral borné aurait fort bien pu argué que l'état intervenait dans un domaine qui ne le concerne pas...

    Bref, ce que je veux dire, c'est si j'adhère à 80% de ce que vous écrivez, votre propos est présentement outré.

    Sur ce blog que je suis régulièrement avec intérêt, ainsi que les commentaires, il y a une partie que j'approuve: restaurer la liberté individuelle en prônant notamment une plus grande prise en compte de la responsabilité individuelle.

    Mais pour autant ce rejet atavique des bénéfices pouvant être tirés de l'intervention de la force publique, de l'organisation par un état responsable de la société me parait être ad-minima une lubie si ce n'est un danger.

    D'ailleurs si votre exemple final c'est Pyongyang cela est un signe que vous n'êtes guère convaincu par le propos que j'ai relevé...

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  19. Benjamin Franklin13/07/2011 15:01

    @Anonyme
    Je suis d'accord avec vous, on compare des pommes et des poires. Mon exemple n'était sans doute pas bien choisi, je cherchais simplement à illustrer le fait qu'on ne peut partager de la richesse que si elle existe (et que la société médiévale dans son ensemble n'était de toutes façons pas bien riche, même les nobles, bref...)

    Je ne m'oppose absolument pas à l'intervention de la force publique, loin de là. Ni la majorité des libéraux d'ailleurs. Le libéralisme n'est pas dogmatique, il ne s'agit pas de faire reculer l'Etat à tout prix. Il s'agit au contraire d'un pragmatisme : oui, dans les (sans doute nombreux mais toujours sujets à discussions) domaines où l'Etat peut rendre un service meilleur et/ou moins cher à la collectivité que l'initiative purement privée, ne nous en privons pas ! De même, quand l'initiative privée (à but lucratif - l'entreprise - ou non lucratif - l'association, la mutuelle ) est plus intéressante, on la favorisera. La préférence à l'initiative privée a lieu en cas d'"égalité", et cela pour des raisons éthiques (respect de la liberté individuelle).

    Dans l'exemple de l'éducation, oui, Jules Ferry a bien fait d'instaurer l'école gratuite payée par l'impôt. Parce que les circonstances s'y prêtaient : la prospérité était suffisante pour que le rendement de l'impôt soit correct sans saper l'économie, les paysans pouvaient se permettre de se passer du travail de leurs enfants, mais ne pouvaient pas encore leur payer l'école, et l'administration scolaire en place était alors relativement efficace. Les autres exemples sont nombreux.

    Mais il faut garder à l'esprit que les circonstances peuvent changer : si par exemple les classes moyennes sont suffisamment enrichies, que la philanthropie est suffisamment développée, y compris chez les riches, pour payer des bourses aux pauvres, et que l'administration scolaire publique s'est encroûtée, et bien on peut se permettre de rendre la main à l'initiative privée dans le domaine scolaire. Et là encore tous les degrés intermédiaires sont possibles : la Suède (oui, j'aime cet exemple) finance toujours l'éducation par l'impôt, mais en confie néanmoins la gestion au privé.

    Ce qu'il faut retenir, c'est le pragmatisme libéral : une solution d'Etat est toujours envisageable, simplement il ne faut pas la considérer par défaut (et d'ailleurs la Scandinavie, première région du monde intégralement alphabétisée au cours du XVIIe siècle, n'a pas eu besoin d'intervention publique pour y parvenir - mais les circonstances s'y prêtaient).

    Pour épiloguer sur les enfants de 8 ans, comme vous le dites je n'ai pas plus de conviction que ça à les envoyer trimer dans des sweatshops - pour peu qu'on ait les moyens de s'assurer qu'ils ne meurent pas de faim par ailleurs, ce qui est plus ou moins le cas en Chine, mais hélas pas à Pyongyang...

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  20. Benjamin

    Evidemment, et c'est pourquoi le discours de GK me convient souvent, on ne peut partager la richesse que quand elle existe.

    Mais je vous renvoie au post sur ce même blog qui diffuse l'intervention de Boudreau sur la subjectivité de la valeur.

    Il est un point à mes yeux fondamental:
    La richesse est subjective quand la misère est objective.

    Je trouve que dans ce monde imparfait qui malgré tout progresse, certains ont encore trop tendance à vouloir imposer une définition absolue de ce qu'est la richesse, et ce faisant concurrent à faire en sorte que la misère perdure.

    A partir du moment où nous serons capables de détacher toutes notions de référents absolutistes, alors oui l'humanité sera sans doute sur la bonne voie. Aussi je ne crois en rien aux dogmes qu'ils soient religieux, sociaux ou économiques et pense qu'il est urgent de réfléchir non plus en terme de généralités souvent absconses mais de faits pratiques et éprouvés.

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  21. Benjamin Franklin13/07/2011 17:12

    Je crois que nous sommes d'accord.
    Il n'y a pas de référentiels absolus. Le culte du marché ou des courbes mathématiques est un mythe des antilibéraux qui prêtent au libéralisme des intentions saugrenues.

    J'ajouterai, en complément de l'exemple de Jules Ferry, que le bonhomme eût fait une loi parfaitement libérale s'il avait gardé l'instruction obligatoire financée par l'impôt, mais qu'il avait laissé de surcroît le choix de l'école qui recevrait les frais de scolarité aux parents.

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