Je réalise un peu tard que les partisans d’une dévaluation avec retour en franc (le FN) ou sans (le FdG), usent et abusent d’un sophisme destiné à minorer les effets inflationnistes d’une dévaluation (du franc ou de l’euro).
L’argument, en substance, consiste à nous expliquer que la hausse des prix sera circonscrite aux produits importés et donc, que ceux qui, comme moi, s’opposent à ce type de politique surestiment l’effet inflationniste de la dévaluation.
C’est une mauvaise farce.
Ce que les partisans de la planche à billet omettent de dire (ou de comprendre), c’est qu’une dévaluation et une dépréciation sont deux phénomènes tout à fait différents. Dans les deux cas, le coût réel des importations augmente mécaniquement et ou peut s’attendre, dans une situation de pleine utilisation des capacités de production, à une inflation par les coûts — typiquement, en situation de plein emploi (on en est loin), le surcroît d’exportations créé une hausse des salaires.
Dont acte. C’est effectivement ce qu’on observe au Royaume Uni : la livre a beaucoup baissé suite au Brexit et, de fait, l’inflation a augmenté mais de façon relativement modérée.
Sauf que ça, c’est une dépréciation. Pas une dévaluation.
Une dévaluation, comme je l’expliquais ici, c’est par nature une politique inflationniste. Ça n’a rien à voir avec une variation ‘naturelle’ de la parité d’une devise par rapport aux autres : c’est une politique intentionnelle qui passe, à un moment ou un autre, par la planche à billet.
Concrètement, pour dévaluer un éventuel nouveau franc, il va falloir que la Banque de France en ‘imprime’ des milliards et se serve de cette création monétaire ex nihilo pour acheter des devises.
Or, dans ce processus, les francs ainsi créés reviendront fatalement en France : il ne s’agit donc pas seulement d’un renchérissement des importations mais bel et bien d’une dégradation de la valeur du franc.
C’est-à-dire que ce projet n’est en rien différent des errements monétaires de la IVème République et des imbécilités de François Mitterrand en 1981-83 : ce n’est qu’un gigantesque transfert de richesses qui échapperait, si la Banque de France passe sous contrôle de l’exécutif, à tout contrôle parlementaire.
Il y aura des gagnants (les actionnaires d’entreprises exportatrices et ceux qui sont endettés — à commencer par l’État et ceux qui en vivent) et des perdants (ceux qui ont un épargne monétaire et qui touchent des revenus fixes — salariés modestes et retraités en première ligne).
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