Monsieur le Ministre,
Comme malheureusement trop peu de nos concitoyens, j’ai pris le temps de lire avec attention le rapport de la commission d’enquête relative aux moyens mis en œuvre par l’État pour lutter contre le terrorisme présidée par M. Georges Fenech est publiée ce mardi 5 juillet 2016.
Je voudrais, si vous le permettez, vous citer deux courts extraits issus des comptes rendus des auditions qui me semblent particulièrement importants. Verbatim :
« Des attentats comme ceux du 13 novembre marquent bien un échec du renseignement extérieur. »
et :
« Les attentats de 2015 représentent un échec global du renseignement. »
Qui sont les auteurs de ses sévères jugements ? Eh bien il s’agit de Messieurs Bernard Bajolet et Patrick Calvar, respectivement directeur général de la DGSE et directeur général de la DGSI.
C’est-à-dire que ces messieurs à qui l’on peut, vous me l’accorderez, prêter quelques compétences en la matière nous informent sans aucune ambiguïté possible que les services de renseignement — services dont ils étaient l’un et l’autre en charge au cours de l’année et demi écoulée — ont globalement foiré.
Vous comprendrez donc, Monsieur le Ministre, que vos affirmations réitérées selon lesquelles il n’y aurait pas eu de faille dans notre lutte contre le terrorisme en général et en matière de renseignement en particulier résonne — comment dire ? — douloureusement à la lecture de ces propos.
Voilà une année et demie, Monsieur le Ministre, que le simple citoyen que je suis s’intéresse à cet ennemi qui nous veut tant de mal et aux moyens mis en œuvre par l’État pour le contrer. N’ayant, en la matière, pas la moindre compétence, je fais ce que font les gens raisonnablement éduqués font en pareille occasion : je lis avec la plus grande attention ce qu’en disent les experts et je croise leurs opinions pour me faire un avis.
Or, Monsieur le Ministre, tous les experts du terrorisme en général et du djihadisme en particulier que j’ai eu à lire jusqu’ici s’accordent sur un point : sans un renseignement efficace, point de salut. C’est, pour autant que je puisse en juger, l’unanimité et c’est aussi une des principales conclusions de la commission d’enquête citée plus haut.
Du renseignement Monsieur le Ministre. Du vrai renseignement et pas du chalutage sur Internet, méthode qui — n’importe statisticien vous le confirmera — n’aura aucun autre effet que de noyer les analystes de nos services sous un raz-de-marée de faux-positifs. Du vrai renseignement comme nous savions si bien le faire avant que Monsieur Sarkozy nous prive de cette première et si essentielle ligne de défense. Du vrai renseignement qui, des rues de Raqqa aux caves de nos cités, collecte de l’information, la traite efficacement et l’utilise dans le cadre de nos lois.
Monsieur le Ministre, le fait est que la politique menée jusqu’ici est un échec patent dont le coût se mesure maintenant en centaines de vies humaines et que la seule ligne de conduite que vous nous proposez consiste à faire encore plus de ce qui ne marche manifestement pas. J’observe, par ailleurs, qu’une commission d’enquête animée par l’excellent réflexe qui consiste à se faire conseiller par des spécialistes vous a fait un certain nombre de propositions ; propositions que vous avez balayé d’un revers de main.
Il va falloir vous justifier Monsieur le Ministre ; il va falloir vous justifier sérieusement et, de grâce, supprimer ce « pas de faille » de votre langage.
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