L’ONU, par la voix de son haut-commissaire aux droits de l’homme, le prince Zeid bin Ra’ad, vient de prendre position dans le débat qui oppose Apple au FBI. En l’espèce, l’organisation internationale plaide en faveur de la firme de Cupertino au motif que permettre aux autorités fédérales américaines d’accéder aux données chiffrées d’un iPhone reviendrait à, pour reprendre les termes du prince, « ouvrir la boîte de Pandore » et faire un cadeau fait aux régimes autoritaires et aux pirates informatiques.
Le prince a raison. Au-delà des régimes autoritaires actuellement en place qui se feront, n’en doutez pas, un plaisir d’exploiter la moindre faille de sécurité pour repérer, arrêter (et Dieu seul sait quoi d’autre) leurs opposants politiques, je rappelle à celles et ceux d’entre vous qui croient qu’ils n’ont « rien à se reprocher » que (i) Vladimir Poutine dirige la Russie, (ii) Donald Trump est en tête des primaires républicaines aux États-Unis et (iii) Marine le Pen est tout à fait en position de contester l’hégémonie du PS et des Républicains.
Mais encore une fois et, au risque de me répéter, il est faux de croire que nous sommes placés face à un dilemme entre nos libertés civiles et notre sécurité. Si Apple cède, nous ouvrons effectivement la boîte de Pandore mais, au-delà de la seule affaire de San Bernardino, nous ne gagnerons rien : qui peut croire, en toute honnêteté, que les terroristes sont assez stupides pour continuer à utiliser des iPhone s’ils savent que le FBI dispose d’un moyen d’accéder à leurs données ?
Nous avons tout à perdre et rien à gagner. Si le FBI parvient finalement à accéder aux données de ce téléphone, il est tout à fait possible — et même probable — qu’ils n’y trouveront rien (ça fait belle lurette que les terroristes utilisent des systèmes de communication cryptés) et le seul résultat concret que nous obtiendrons à coup sûr, c’est que les Poutine, Trump et autres le Pen auront désormais un accès direct et légal à nos vies privées les plus intimes.
Le plus grand danger que nous fait courir cet État Islamique ce n’est pas ce qu’ils pourraient nous faire mais ce que la peur et le manque de sang-froid pourrait nous amener à nous infliger à nous-mêmes.
Le glaive et le bouclier. Comment imaginer qu'il n'est pas possible d'avoir un système de cryptage indépendant du fabricant? Il vaut mieux orienter les efforts sur le décryptage. Même d'un point de vue pratique leur position n'est pas tenable.
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