« 19 mai – La disette vient d'occasionner trois soulèvements dans les provinces ; à Ruffec en Angoumois, à Caen et à Chinon. On a assassiné sur les chemins des femmes qui portaient des pains. Cette simple nourriture y est plus enviée aujourd'hui qu'une bourse d'or en d'autres temps, et, en effet, la faim pressante et l'envie de conserver ses jours, excuse plus le crime que l'avarice d'avoir des moyens accumulés pour les besoins à venir. La Normandie, cet excellent pays, succombe sous l'excès des impôts et sous la vexation des traitants. La race des fermiers y est perdue ; je sais tels gens qui viennent d'être contraints d'y faire valoir leurs terres excellentes par des valets ; tout périt, tout succombe. M. le duc d'Orléans [1] porta l'autre jour au conseil un morceau de pain de fougère ; à l'ouverture de la séance il le mit devant la table du roi [2] et dit : « Sire, voilà de quel pain se nourrissent aujourd'hui vos sujets ! »
– René Louis de Voyer d'Argenson, Mémoires (mai 1739).
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[1] Louis d'Orléans (1703-1752).
[2] Louis XV.
Point de banqueroute, ni avouée ni masquée par des réductions forcées. Point d'augmentation d'impositions, la raison en est dans la situation des peuples et encore plus dans le cœur de votre majesté. Point d'emprunts parce que tout emprunt [...] nécessite au bout de quelque temps ou la banqueroute ou l'augmentation des impôts
RépondreSupprimerTurgot, lettre à Louis XVI, 24 août 1774, lettre vendue aux enchères à Drouot-Richelieu le 5 mai 2010 (l'Express du 5 mai 2010, p. 25)
Je la connais (presque) par cœur ;)
RépondreSupprimerTurgot est un des mes héros.
On sait qui l'a achetée ?
J'ignore qui est l'acheteur.
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