Mises, un avertissement

"European governments and parliaments have been eager for more than sixty years to hamper the operation of the market, to interfere with business, and to cripple capitalism. They have blithely ignored the warnings of economists. They have erected trade barriers, they have fostered credit expansion and an easy money policy, they have taken recourse to price control, to minimum wage rates, and to subsidies. They have transformed taxation into confiscation and expropriation; they have proclaimed heedless spending as the best method to increase wealth and welfare. But when the inevitable consequences of such policies, long before predicted by the economists, became more and more obvious, public opinion did not place the blame on these cherished policies, it indicted capitalism. In the eyes of the public not anticapitalistic policies but capitalism is the root cause of economic depression, of unemployment, of inflation and rising prices, of monopoly and of waste, of social unrest and of war."

C'est de Ludwig von Mises dans Omnipotent Government (1944). La conséquence fût l'avènement du national-socialisme.

9 commentaires:

  1. Euh, en 1944, le national socialisme en était à sa dernière année, non ?

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  2. C'est dommage que Mises ne soit pas plus connu en France. Il a très bien vu les dangers de l'inflation dans la république de Weimar. Danger qui menace les Etats Unis en particulier et du monde en général. La montée des extrêmes pourrait très bien se reproduire.

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  3. La montée des extrêmes est aussi la recherche d'un absolu. Et l'ami Aron nous a mis en garde contre les absolus, en particulier l'absolutisme du marché :
    "La plus grande erreur des libéraux, me semble-t-il, est d'avoir cru que le libéralisme politique et le libéralisme économique allaient de pair. Je pense que le libéralisme politique, si on définit ainsi le système électoral, parlementaire, de compétition pour l'exercice du pouvoir, conduit de manière presque fatale à un système d'économie partiellement dirigée et partiellement socialiste."

    (je précise qu'entre libéralisme politique et libéralisme économique, Aron favorise largement le premier par rapport au second...)

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  4. Aron n’avait probablement pas tort de penser que la démocratie « conduit de manière *presque* fatale à un système d'économie partiellement dirigée et partiellement socialiste ». Par nature, les politiques clientélistes et la redistribution à grande échelle sont des armes politiques redoutablement efficaces, le protectionnisme a l’apparence d’une politique de bon sens, les nationalisations ont toujours été populaires et les manipulations monétaires sont en général totalement incomprises du grand public.
    C’est précisément le point de Mises : ces politiques électoralement profitables finissent toujours par détruire l’économie et ne profitent finalement qu’à un petit nombre de gens proches du pouvoir. Les gens finissent par reprocher à l’économie de marché les conséquences des interventions étatiques et demandent plus d’interventionnisme ; la situation se dégrade encore plus. Des tentatives de planification échouent ; notamment parce que les gouvernants n’arrivent pas à se mettre d’accord sur ce qu’il faut faire. On finit par espérer l’arriver d’un homme providentiel pour « mettre de l’ordre dans tout ça » et, petit à petit, le pays sombre dans la dictature.
    La démocratie est le meilleur système politique que nous n’ayons jamais trouvé mais elle reste faillible et fragile. C’est notre devoir de citoyens et d’hommes libres de rester vigilants et de limiter la taille et la puissance de nos Etats pour éviter que le protecteur ne devienne un maître. Dire « plus jamais ça » n’est pas suffisant : encore faut-il comprendre comment « ça » a été possible et ne pas reproduire les erreurs du passé. Le *presque* de Aron, c’est le chemin étroit qui nous permettra d’éviter la « route de la servitude » de Hayek.

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  5. Aron plaçait la liberté politique au dessus de toutes, y compris la liberté économique (il se définissait d'ailleurs comme Keynésien et avait relativement peu d'intérêt pour l'économie).
    La phrase que j'ai citée avait un sens bien précis : pour préserver la liberté politique, il faut tolérer une proportion de dirigisme et de socialisme.

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  6. Ce en quoi je ne suis pas d’accord avec Aron mais d’accord avec Mises, Tocqueville (etc…) : dirigisme et de socialisme sont les germes de la tyrannie.

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  7. Relisez bien la fin du tome 1 de la démocratie en Amérique (et pas seulement le paragraphe "je veux imaginer..." qui décrit l'apocalypse égalitaire). Regardez tout ce qu'il dit des vertus de l'égalité, même s'il concède que ça rend le monde moins coloré pour les romans. Il y a dans Tocqueville toute la mesure et le réalisme qui manquent au petit enfant Mises.

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  8. "Démocratie et socialisme n'ont rien en commun sauf un mot, l'égalité. Mais notez la différence : pendant que la démocratie cherche l'égalité dans la liberté, le socialisme cherche l'égalité dans la restriction et la servitude"
    -- Alexis de Tocqueville

    Le "petit enfant Mises"... Manifestement vous n'avez jamais lu Mises.

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  9. Hélas, si, j'ai du me taper des passages entiers de l'Action Humaine à la fac, à l'époque ça m'est tombé des mains.
    J'adore sa conception de la liberté d'opinion :
    "Les masses, ces millions de votants qui sont souverains dans une démocratie, doivent apprendre qu'ils sont manipulés par de fausses doctrines et que seule une société fondée sur le marché et la libre-entreprise peut leur apporter ce qu'ils désirent : la prospérité. Mais pour convaincre la foule, il faut d'abord convaincre les élites, les intellectuels et les hommes d'affaires eux-mêmes. "

    Ca postule :
    - que les gens ne souhaitent avant tout que la prospérité (s'ils placent autre chose au dessus de la prospérité, c'est sans doute aussi à cause des "fausses doctrines")
    - que seules des élites éclairées peuvent le leur rappeler.

    Admirable manière de vouloir absolument faire le bonheur de l'humanité, même contre son gré.

    Ca m'a fait l'effet d'un petit gosse mal grandi qui ne voit d'issue favorable à l'histoire du monde que la suivante : que tout le monde finisse par penser comme lui.

    En comparaison, Tocqueville a bien planté les jalons de l'idée des démocraties libérales : arriver à faire cohabiter sans guerre civile des gens de conditions et convictions différentes.

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